La Lorraine dans le destin de la famille d’Alfred Döblin

« Brief vom 29.3.1916 – An Herwarth Walden
(Briefe 1, S. 83.ff)
[Saargemünd] 29.III.l6
Lieber Walden,
ich muß wieder ein Lebenszeichen von mir geben, wenn auch mein jetziges Leben hier mir kaum ein Recht darauf giebt. Man arbeitet hier, « dient dem Vaterlande » in seiner Art, und so vergeht in einer erschreckenden Weise Tag um Tag. Ich habe keine Erinnerung daran, jemals ganze Monate so rasch und spurlos verschwinden gesehen zu haben wie jetzt ; es lohnt sich kaum aufzustehen; der Tag ist mit Tâtigkeit so vollgestopft und zwar genau regelmäßig wiederkehrender, daß ich wie das gedankenlose, sauber gearbeitete Rad eines Automaten funktioniere, oder wie der Groschen in einem Automat ; morgens werde ich reingeworfen, ein Tag kommt raus, abends holt man mich wieder; morgens u.s.w.<
Mit den Ohren haben wir die Schlachten um Verdun hier mitgekämpft ; orientiere Dich auf der Karte, wie weit wir von Verdun sind, und so stark war die Kanonade tags und nachts, daß bei uns die Scheiben zitterten, daß wir Trommelfeuer unterschieden, ganze Lagen, Explosionen; ein ewiges Dröhnen, Bullern, Pauken am westl[ichen] Rimmel. Jetzt, seit 1 Woche, ist alles still; was das ist, wer weiß ? Akustisch ist jedenfalls der Angriff auf Verdun zur Zeit eingeschlafen. Aber in andrer Hinsicht sind wir näher dem Herd; alles steckt voll Einquartierung, ein interessantes Bild auf den Straßen wie in den ersten Tagen der Mobilmachung; die Eroberer von Douaumont sind hier in Ruhestellung, sie ist aber bald zu Ende. Sie erzählen von den ungeheuren, von uns kaum ausdenkbaren Strapazen der Lagerung in nassen Wäldern, des Hungerns und Dürstens beim Vorrücken, weil keine Küchen nachkommen (tagelang!), Wassertrinken aus Granatlöchern, in denen Grundwasser erscheint -, Schneeessen. Dabei sehen die Leute famos aus, jung, stark, Frankfurter (a. O.), Mecklenburger, Berliner; täglich höre ich jetzt im Lazarett: « icke » und « mir », Heimatsklänge von der Riviera in Lichtenberg. […].
[ … ]»
Aus Alfred Döblin : « Meine Adresse ist Saargemünd » Spurensuche in einer Grenzregion. Zusammengetragen und kommentiert von Ralph Schock. Editions Gollenstein.
« Lettre du 29 mars 1916. A Herwarth Walden
(Briefe 1, page 83 et suivantes)
Cher Walden,
Il faut que je te donne à nouveau signe de vie, même si celle que je mène actuellement ici ne m’y autorise guère. Ici on travaille à sa manière, « au service de la patrie  » et ainsi passent les jours, c’est terrible. Je ne me souviens pas avoir vu, comme à présent, des mois entiers filer sans laisser de trace ; ça ne vaut presque pas la peine de se lever; la journée est tellement remplie d’activité, revenant avec une telle régularité, que je fonctionne comme le rouage d’un automate, bien entretenu et sans aucune pensée, ou comme une pièce de monnaie dans un distributeur automatique ; le matin on m’introduit dedans, il en sort une journée et le soir on me récupère, etc.
D’ici on a participé par les oreilles aux combats pour Verdun ; regarde sur la carte à quelle distance nous sommes de Verdun, la canonnade était si violente de jour comme de nuit que cela faisait trembler nos vitres et qu’on percevait distinctement le feu roulant, les explosions ; un grondement ininterrompu, le ronflement, les détonations dans le ciel, à l’ouest. Depuis une semaine, le calme règne ; qui peut dire ce que cela signifie ? Du point de vue acoustique, l’assaut sur Verdun est à présent en sommeil. Mais à un autre égard nous sommes plus proches du foyer brûlant ; partout des troupes ont pris leurs quartiers, les rues offrent un spectacle intéressant, comme dans les premiers jours de la mobilisation ; ceux qui ont pris d’assaut Douaumont sont au repos ici, mais ce sera bientôt fini. Ils racontent les épreuves terribles, à peine imaginables pour nous, le campement dans les forêts gorgées d’eau, la faim et la soif qui accompagnent leur progression, car pendant plusieurs jours aucune cantine ne les accompagne, on boit l’eau dans les trous d’obus où remonte la nappe phréatique, on avale de la neige. Alors que ces gars ont de l’allure, jeunes, forts, de Francfort-sur l’Oder, du Mecklembourg, de Berlin ; j’entends tous les jours leur accent typique à l’hôpital, cela me rappelle ma « Riviera » berlinoise de Lichtenberg. […]
[ … ] »
Alfred DÖBLIN Je vous écris de Sarreguemines. Serge Domini Editeur. Traduit de l’édition originale allemande Meine Adresse ist : Saargemünd / Ralph Schock / Gollenstein par Renate et Alain Lance
Dans l’extrait de la  la lettre que j’ai choisie parmi l’ensemble des lettres envoyées depuis Sarreguemines à son ami Herwarth Walden à Berlin et qui figurent dans le livre de Ralph Schock, Alfred Döblin évoque sa prolétarisation absolue qu’il situe dans la perte du rapport au temps alors qu’il est à proximité auditive de la zone de combat, pendant la Première guerre mondiale. Il se sent comme le rouage d’un automate. Je rappelle que l’invention du mot robot date de 1920. La partie de la lettre que j’ai supprimée traite de préoccupations éditoriales concernant son œuvre.
Döblin a vécu toute la Première guerre mondiale en Lorraine (en fait en Moselle) puis en Alsace, parties intégrantes de l’empire allemand, ses « plus militarisées », note l’auteur du livre, en tant que médecin militaire, d’abord à Sarreguemines puis à Haguenau d’où il vivra les derniers jours de présence de l’armée allemande et son évacuation en novembre 1918 ainsi que les épisodes de la révolution qui l’accompagnent. Ses malades viennent de la forêt d’Argonne. En 1914, le médecin et romancier avait déjà 36 ans. Il était né à Stettin, le 10 août 1878. Il exerçait comme médecin depuis une dizaine d’année. Il avait fait des études de spécialité psychiatrie à Freiburg/Brisgau en Forêt Noire et ouvert un cabinet de médecine générale et de neurologie auprès de la Sécurité sociale, à Berlin. Il avait déjà publié également Die Ermordung einer Butterblume,(L’assassinat d’une renoncule). Alfred Döblin s’enrôle, en décembre 14, comme médecin militaire. En devançant l’appel inévitable du réserviste qu’il était, cela lui permettait d’éviter le front Est. Il sera démobilisé en octobre 1918. Il est marié, un deuxième enfant est en route, Wolfgang dont il sera question plus loin, né le 17 mars 1915. Femme et enfants le rejoindront en juin 1915. La même année paraît chez Fischer Les Trois bonds Wang-lun, roman chinois. Il sera mis en vente en 1916. Il est paru en France en 2011 et aborde l’importante question : est-il fatal que les faibles se servent des armes des forts et s’enferment à leur tour dans la sphère du pouvoir et de la violence ?
En 1917, il entre en conflit avec sa hiérarchie. Il avait protesté parce que ses patients avaient faim et sans suivre pour cela la voie hiérarchique. Le 2 août 17, il est « promu » et transféré à Haguenau. Il travaille à l’Hôpital militaire de Haguenau et à Marienthal où il sera responsable de la formation des infirmières. Il est chargé aussi du contrôle de l’état de santé des prisonniers de guerre (il visite des entreprises). Le bon côté du déplacement à Haguenau est la proximité de Strasbourg et de sa bibliothèque. Il ne cesse en effet de se plaindre depuis Sarreguemines de l’absence de bibliothèque et de documentation pour le nouveau roman qu’il est entrain d’écrire.
Le livre de Ralph Schock documente les traces transfrontalières de Döblin pour l’essentiel entre la Lorraine et la Sarre. Y figurent notamment une correspondance fournie avec son ami, l’écrivain et éditeur, notamment de la revue d’avant-garde der Sturm, qu’ils avaient fondée ensemble, Herwarth Walden. Y sont évoquées quelques unes de ses préoccupations quotidiennes, enfants, famille, la coupe du costume militaire, les conditions de la création littéraire et le suivi de la publication de ses œuvres  ainsi que l’écho des champs de bataille : Sarreguemines est à 110 kilomètres du Mort-Homme. Döblin « participe [à la bataille]  par les oreilles », et bien entendu par le traitement des malades et des blessés. Parmi les observations les plus intéressantes, que fera Sigmund Freud aussi, il y a celle de la transformation du rapport à la mort. A Eda Lindner, la nièce de Else Lasker-Schüler qui fut la première femme de H.Walden, il écrit :
« L’un d’entre eux, décoré de la Croix de fer, me racontait qu’il ne connaît rien de plus beau que de monter à l’assaut, baïonnette en avant, pour transpercer l’ennemi. La distinction entre la vie et la mort, si claire en temps de paix, ne signifie plus grand chose pour ces gars ; il plane une atmosphère d’indifférence ; quand ils parlent de tomber, c’est comme si ce n’était rien… »
Cette guerre qui, à peine un an après son arrivée sur le front, lui sort déjà « par les trous de nez », se transforme en novembre 1916 en une « atroce » guerre aérienne. Il comprend vite qu’il a affaire à une Guerre de Trente ans. « La guerre de Trente Ans comme celle de Sept Ans ont, elles aussi, duré deux ans au début ! », écrira-t-il. Il s’attelle à sa description à partir du milieu de l’année 1916 dans son Wallenstein , roman qui paraîtra en 1920 et qui contient aussi la 1ère Guerre mondiale.
L’ouvrage Je vous écris de Sarreguemines comprend deux nouvelles, Le fantôme du Ritthof (dont le cadre se situe entre Bliesransbach en Sarre et Blies-Guersviller, en Lorraine) et L’abominable cochon, ainsi que sa correspondance avec l’écrivain Anton Betzner de 1946 à 1953. Ensemble, ils éditeront, après la seconde guerre mondiale, la revue Das Goldene Tor ; et enfin, le discours de Sarrebruck sur l’Europe de 1952. Dans la dernière partie du livre, Ralph Schock, lui même écrivain, éditeur et journaliste à la radio sarroise et pas tout à fait un inconnu pour les lecteurs du SauteRhin s’attache en une cinquantaine de pages à suivre les traces de Döblin traversant la frontière entre la Moselle et la Sarre. Le tout, complété d’une importante documentation iconographique, est commenté et précisé dans un ensemble de notes nombreuses et bien utiles. Si l’Alsace est évoquée, à part quelques rares lettres de Haguenau, où Döblin commence à être « hanté par des pensée religieuses », elle n’est pas d’avantage documentée. On imagine qu’aurait pu y figurer, par exemple, le texte Jours de révolution en Alsace, écrit entre le 9 et le 14 novembre 1918 à Haguenau où un extrait de Novembre 1918 dont une grande partie se déroule à Strasbourg. C’est bien dommage. Le Sauterhin peut aisément suppléer à cela. J’en ai parlé ici.
En vertu des accords d’Armistice, les troupes allemandes ont quinze jours pour quitter l’Alsace. Les Döblins retournent à Berlin où sera proclamée la république. Ils s’installent dans la Frankfurter Allee où l’écrivain resté médecin rouvre son cabinet médical. Ils y resteront jusqu’en 1931 date à laquelle ils s’installeront plus à l’ouest de la ville. Entre temps est paru son célèbre Berlin Alexanderplatz.
Le 28 février 1933 à 22 heures, Alfred Döblin prévenu par un officier de police de son arrestation imminente, quitte Berlin par le train pour Stuttgart et la frontière Suisse. Séjour chez un ami à Kreuzlingen (Suisse). La famille le rejoint. Son fils Wolfgang reste à Berlin afin de passer son baccalauréat. Le 14 août, ils partent tous pour Paris En 1936, Döblin obtient la nationalité française. En 1938, Wolfgang/Vincent Döblin obtient son doctorat en mathématiques à la Sorbonne. En novembre, il commence son service militaire dans l’armée française à Givet (Vosges Ardennes). Le 1er septembre 1939, débute la deuxième guerre mondiale. Mi-septembre, A. Döblin rejoint Robert Minder au sous-secrétariat d’Etat à l’Information comme collaborateur libre au « service allemand ». Il participe à la rédaction de textes de contre-propagande, tracts, journaux satiriques, etc. Son ministre de tutelle sera Jean Giraudoux.
Sa femme et son fils étant déjà partis, Döblin quitte Paris, le 10 juin 1940,  avec les services du Ministère de l’Information pour Tours. De là va commencer le périple qui le mènera de Tours à Moulins, Cahors, Rodez, Mende. Il rejoindra Erna et Stephan à Toulouse le 10 juillet. Départ d’Alfred, Erna et Stephan pour Marseille le 22 juillet puis ensuite le 30 juillet pour Lisbonne, via Barcelone et Madrid. Départ pour New York puis arrivée à Los Angeles le 7 octobre. Il y retrouvera entre autres Bertold Brecht qui avait beaucoup d’estime pour lui et dont il avait déjà fait la connaissance à Berlin. Une biographie détaillée de la famille Döblin est ici hors sujet. Certain éléments sont cependant nécessaires pour expliquer comment une seconde fois sur un mode, plus tragique encore, la Lorraine sera au centre de la destinée des Döblins. Alfred, Erna et Wolfgang Döblin sont en effet – on le sait peu – enterrés dans les Vosges à Housseras. L’essentiel de cette singulière histoire fait l’objet de la troisième partie du livre de Ralph Schock. Je m’y étais de mon côté intéressé, d’où les photographies que j’ai moi-même prises – il y en a dans le livre – à Housseras, village vosgien situé à 25 kms à l’est d’Epinal, à 26 kms à l’Ouest de Saint-Dié des Vosges.

Entrée du cimetière d’Housseras

Si Alfred Döblin, écrivain allemand mort à Fribourg en Brisgau est enterré dans les Vosges à Housseras c’est d’abord parce que son fils Vincent y est “mort pour la France” en juin 1940.

La tombe de Wolfgang/Vincent Döblin flanquée de part et d’autre de celles de ses parents.

Singulière histoire que celle d’un écrivain allemand génial, qui a obtenu la nationalité française, et d’ un mathématicien de génie, mort pour la France, dans un cimetière français dans les Vosges. En très bref :
En juin 1940, au moment où ses parents qui ont quitté Paris séparément se cherchent dans le Sud de la France, Wolfgang se trouve avec son régiment dans les Vosges. Il avait refusé à quatre reprises de devenir élève-officier, comme ses titres universitaires le lui permettaient. Incorporé comme télégraphiste au 291ème régiment d’infanterie, dans les Ardennes, il se présente comme alsacien devant ses camarades de régiment. Pendant la période d’inaction de la drôle de guerre, il poursuit ses recherches mathématiques. Il est cité à l’ordre de son régiment, le 19 mai 40, il recevra à titre posthume la croix de guerre avec palmes et la médaille militaire. A l’issue de durs combats, son bataillon finit par être encerclé et s’apprête à se rendre. Vincent s’y refuse et préfère le suicide dans une grange du village d’Housseras.
Ses parents n’apprendront le décès de leur fils, sans en connaître ni les circonstances ni la date, qu’en 1945. La mère s’est occupée de lui procurer une tombe. Vincent avait en effet d’abord été enterré avec des soldats allemands dans une tombe commune.
Après guerre, on propose à Döblin de prendre la responsabilité de chef du Bureau des Lettres au Service de l’Education Publique du Gouvernement Militaire en zone française d’occupation, basé à Baden-Baden. Il sera chargé des dossiers de délivrance des autorisations éditoriales. Il s’installe à Baden-Baden. et fonde la revue Das Goldene Tor dont le premier numéro est publié en octobre 1946 et cessera de paraître en 1951 faute de financement suffisant. Sa santé décline, il est presque aveugle. En 1953, Alfred Döblin ayant fait part de sa décision au Président Theodor Heuss de quitter à nouveau l’Allemagne, “je suis dans ce pays, qui a vu naître mes parents,  inutile“, ils s’installent à Paris.
A la suite de plusieurs hospitalisation en Forêt Noire, A. Döblin y mourra le 26 juin 1957 à Emmendingen près de Fribourg en Brisgau. Il sera inhumé à Housseras. Le 15 septembre, Erna se suicide à Paris. Elle rejoindra la sépulture de son mari et de son fils préféré.
Ludwig Marcuse proposera deux fois de suite en vain la nomination d’Alfred Döblin au prix Nobel. Il aurait dû être prix Nobel de Littérature. Il ne l’a pas été. Dans le livre de Ralph Schock, on retrouvera parmi les lettres en partie inédites à Anton Betzner, celle où le romancier, évoquant ses difficultés avec les éditeurs allemands , écrit :
« mon œuvre peut attendre, on verra bien qui tiendra le coup plus longtemps, de ceux de maintenant ou d’avant-hier, ou bien moi ».
Il lui a fallu de l’endurance. Et plus encore en France. Mais qu’à cela ne tienne, il a « tenu le coup » envers et contre la vieille garde littéraire.
Son fils Wolfgang/Vincent aussi aura mis 60 ans pour atteindre la célébrité posthume.
Il nous reste en effet une dernière question : mais en quoi est-on un génie mathématiques à 25 ans ? Il a fallu attendre l’année 2000, pour le savoir. Le 18 mai 2000, était ouvert à l’Académie des Sciences de Paris, un pli cacheté qui lui avait été adressé le 19 février 1940 et enregistré le 26. Il contenait une centaine de pages manuscrites griffonnées à la hâte et portant sur l’équation de Kolmogorov du nom du grand mathématicien russe et soviétique. Nous sommes avec lui, Vincent Döblin et ses maîtres dans le domaine du calcul des probabilités. Vincent/Wolfgang fonde en effet la théorie moderne des probabilités. L’équation de Kolmororoff est le sommet de la production mathématique de l’époque mais pas la seule. Il a depuis le front envoyé toute une série de solutions à des problèmes non résolus.
«Ce manuscrit a été écrit au cantonnement de novembre 1939 à février 1940. Il n’est pas absolument complet et son extérieur se ressent des conditions matérielles dans lesquelles il a été écrit. » s’excuse le soldat Doeblin en préambule sur un petit cahier d’écolier de la série « Villes et paysages de France ».
Marc Yor, le mathématicien qui a examiné ces pages, l’année 2000, explique :
« Je suis convaincu qu’il savait qu’il allait mourir. Avant de partir à la guerre, plein d’idées avaient germé dans sa tête, il voulait les développer. Il sait que son œuvre mathématique est l’une des plus prometteuses de sa génération. Mais Döblin sait aussi qu’il n’a pas beaucoup de temps. Alors il note le minimum. Juste assez pour pouvoir continuer son raisonnement. Il a tenu à poursuivre jusqu’au bout son travail mathématique, alors que tout concourt à l’en empêcher. Son moral engourdi, les conditions matérielles peu propices. Quitter la vie ne lui coûtait pas puisque c’était la seule victoire possible sur la barbarie nazie, mais c’était en même temps renoncer à la création mathématique. Et, d’une certaine façon, mourir deux fois. »
Le germaniste et romancier Marc Petit a consacré au destin de W. Döblin un remarquable et émouvant récit intitulé L’équation de Kolmogoroff (Ramsay, 2003). Existe en poche.
Alfred DÖBLIN Je vous écris de Sarreguemines. D’après Meine Adresse ist : Saargemünd Textes choisis et commentés par Ralph Schock / Editions Gollenstein. Traduction Renate et Alain Lance. Serge Domini Editeur. Parution mars 2017. 192 pages / Format 17 x 22 cm / Papier Munken pur.
Prix public 25 euros
Post Scriptum
Je m’étais, lors de mon passage à Housseras, intéressé un peu à son environnement. Il est hanté par la mort. Ce ne sont pas les cimetières militaires qui manquent autour du col de la Chipotte. J’ai alors découvert ce bâtiment :
De 1870 à 1944, c’est bien plus qu’une guerre de trente ans. Étrangement, j’avais réglé mon appareil photographique sur le noir et blanc, pour prendre ses vues, comme si j’avais eu le sentiment que la couleur ne s’y prêtait pas.
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3 réponses à La Lorraine dans le destin de la famille d’Alfred Döblin

  1. Gabriël Maes dit :

    Petite erreur géographique dans le commentaire de la Lettre du 29 mars 1916: Givet ne se trouve pas dans les Vosges mais dans les Ardennes, à proximité immédiate de la frontière belge.

  2. anne-marie RENOUARD dit :

    Merci ! Très intéressant !

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