« Chute » du Mur de Berlin : pour la première fois dans l’histoire, un évènement est annoncé dans les médias avant d’avoir eu lieu dans la réalité.

Les ouvertures pratiquées dans le rideau de fer, le 9 novembre 1989 ont d’étranges héros, dont on parle peu. En effet, c’est pour la première fois dans l’histoire, qu’un évènement est annoncé dans les médias avant d’avoir eu lieu dans la réalité. C’est ce que s’est efforcé de démontrer un historien allemand, Heinz-Hermann Hertle du Centre de recherche sur l’Histoire contemporaine de Potsdam. Grâce à une comparaison minutieuse des différentes temporalités, celles des agences de presse, de la radio, de la télévision et celles vécues sur le terrain, il n’y a, pour lui, pas de doute : quand le présentateur de la télévision s’est écrié que le Mur était ouvert, les envoyés spéciaux sur le terrain était encore face à un …mur. Ce n’est qu’après l’annonce médiatique que les choses se sont emballées. Paraphrasant Marx, il affirme qu’ »une fiction médiatique  s’est emparée des masses et est devenue réalité« 
Mur côté Est
L’expression même de « Chute du Mur », appelé par ailleurs aussi rideau de fer – pourquoi ne dit-on pas que le rideau de fer s’est levé ? – n’est pas très réaliste, un mur comme cela ne tombe pas. Il s’est ouvert là où il l’était déjà. A cet endroit, les barrières se sont levées pour tout le monde. Ce n’est qu’un peu plus tard que l’on est monté dessus pour y danser et faire la fête puis pour démolir.
Comment les évènements se sont-ils enchaînés pendant que Mme Merkel était au sauna, le Chancelier d’Allemagne fédérale, Helmut Kohl, son futur mentor en Pologne où il tient à rester au dîner de gala, et moi, en banlieue parisienne au chômage et décontenancé par la vitesse des évènements. Heiner Müller quitte un moment les répétitions de Hamlet pour se rendre à New York afin de participer au concert de Heiner Goebbels « L’homme dans l’ascenseur », un de ses textes, dans lequel il intervenait. La célèbre réplique de Hamlet quitte le théâtre : « The Time is out of joint ». Elle était de circonstance :  « le temps est sorti de ses gonds », le temps a disjoncté, s’est détraqué, marche à l’envers… . Berlin vivra une incroyable succession de court-circuits.
En vertu du principe selon lequel quand les choses vous échappent feignez d’en être les organisateurs, il y a eu beaucoup de tentatives de dire c’est grâce à …, c’est la faute de …mais cela ne mène nulle part. Il y a même eu un ancien président de la République pour mentir effrontément et affirmer qu’il y avait été. La situation a bel et bien échappé à tout le monde même si cela peut-paraître surprenant pour une réalité aussi massive que le Mur.
Comment les évènements se sont-ils enchainés ?
Reprenons d’abord un peu en amont pour les jeunes générations qui ignorent tout ou presque de cela, On pourrait dire en paraphrasant Goethe et Schiller : «  la RDA ? Mais où était-ce ? Je n’arrive pas à trouver ce pays [1] ». A mesure que le temps passe, elle apparaît aux jeunes générations « aussi lointaine que l’empire inca tawantinsuyu [2] » A-t-elle seulement existé ?
Fondée en octobre 1949 dans la zone d’occupation soviétique sur les ruines matérielles et morales de l’Allemagne défaite,  elle est née lourdement handicapée, d’autant plus lourdement que le handicap n’a jamais été traité. Car, contrairement à ce qu’affirment les paroles de l’Internationale, on ne fait pas « du passé table rase ». En 1977, Christa Wolf écrivait [3]: « le passé n’est pas mort, il n’est même pas passé ». A propos des ruines morales du nazisme, Stig Dagerman notait que les antinazis sincères « sont plus déçus, plus apatrides et plus vaincus que les sympathisants nazis ne l’ont jamais été [4] ». Ce sont eux pourtant qui tenteront de construire une autre Allemagne. Au lendemain de la guerre, on a vu apparaitre sur des pancartes et des cahiers d’écoliers, cette phrase de Staline : « les Hitler vont et viennent, le peuple et l’Etat allemand demeurent ». Elle dégageait « le peuple » de toute responsabilité. Mais, pour l’exprimer avec Wolf Biermann : « on a tellement frotté le cul brun des Allemands de l’est avec la brosse de Staline qu’il en est devenu rouge ». Un « stalinisme antifasciste »  ou un « antifascisme stalinien » selon l’inversion proposée par Simone Barck [5] a servi de ciment pour fonder cette partie de l’Allemagne  « ressuscitée des ruines » comme le disait l’hymne national est-allemand, hymne que l’on a cessé de chanter à partir de 1972 en raison de sa référence à la « patrie [allemande] unie ». La RDA ne peut se comprendre sans cette triple relation avec le passé nazi d’une part, l’Union soviétique dont elle sera pour cette raison peu ou prou une satrapie et sa sœur ennemie l’Allemagne fédérale, d’autre part. Dans le contexte d’une guerre froide et avec cet étrange communisme consistant à poser les jalons d’une alternative tout en empêchant qu’elle se développe. La devise des dirigeants est-allemands peut se résumer ainsi : « tout pour le peuple, rien par le peuple [6] », peuple que Bertolt Brecht leur conseillera ironiquement de dissoudre pour en élire un autre après les grèves et émeutes ouvrières du 17 juin 1953. Le Mur, a été construit en 1961 pour empêcher l’évasion des forces vives du pays. Il a aussi fossilisé les relations sociales gangrenées par ailleurs par la paranoïa sécuritaire. (Voir la série Un mur à Berlin)
Le 9 novembre 1989, au soir, le Mur ne tient plus, la RDA cessera d’exister même si formellement elle tiendra encore une année, la caractéristique de cette dernière année étant le refus absolu de laisser la moindre chance à une expérience singulière au profit de la colonisation du pays par le capitalisme occidental. Précisons encore un élément de contexte important : L’empire soviétique s’effondre. La contre révolution libérale fait rage, Reagan, Thatcher : There is no alternative (au libéralisme). Coté soviétique, la doctrine Brejnev du contrôle de l’Empire et de son glacis militaire est remplacée par la « doctrine Frank Sinatra » : « I did it my way ». Je l’ai fait à ma façon. Rupture de la solidarité obligatoire et centralisée à Moscou. Chacun devra se débrouiller seul désormais. La RDA, est fortement secouée. D’un côté les manifestations pour une démocratisation du régime se multiplient notamment dans et autour des églises protestantes, de l’autre, cette année 1989 quelque 240 000 personnes quittent le pays sans autorisation en passant essentiellement par la Hongrie et la Tchécoslovaquie où ils demandent l’asile dans les ambassades de l’Allemagne de l’Ouest. Le 17 octobre, Erich Honecker est évincé et remplacé par Egon Krenz. Ce dernier formé à l’ombre du premier n’avait pas lui non plus d’encre rouge. L’absence de pensée alternative d’un pouvoir désemparé expliquera la suite des évènements. « Quoi que nous fassions, dira Krenz, ce sera une mauvaise décision ». Les dirigeants est-allemands avaient par ailleurs déjà commencé à « hypothéquer » en quelque sorte le Mur en échanges de crédits de la part du gouvernement de Bonn. Les négociations passent par un très proche d’Helmut Kohl, Wolfgang Schäuble.
Cette crise finale qui allait déboucher sur l’ouverture du Mur de Berlin et la fin de la RDA, il est intéressant de noter qu’elle a eu lieu alors que siégeait en séance plénière l’organe central du pouvoir, le Comité central du SED (Parti socialaiste unifié d’Allemagne, en fait un parti communiste). La « dictature du prolétariat », en fait sur le prolétariat, se retourne contre ses partisans. Au départ, le SED ne voulait rien de plus que libéraliser la loi sur les voyages, principale aspiration de la population et à sortir du guêpier politico-diplomatique à l’ambassade de RFA à Prague où se réfugiaient les Allemands de l’Est candidats au départ. La procédure au début devait être complexe, il fallait notamment être détenteur d’un passeport grâce auquel on pouvait demander un visa. L’objectif était de gagner du temps car seuls 4 millions d’habitants de la RDA (sur 17) possédaient un passeport.Le temps que les autres en aient un …. Jamais francs du collier et avec leurs habituelles méthodes de faux culs, ils n’ont respecté aucune des procédures même formelles habituelles et créé un vide interprétatif dans lequel se sont engouffrés les médias occidentaux. Il n’appartenait pas au Comité central de rédiger un texte de loi. Cela relevait du gouvernement. Quand le ministère de la justice a reçu le texte, il a bien vu que cela n’allait pas mais les dés étaient jetés. Celui qui les a lancé se nommait Günter Schabowski, membre du bureau politique qui tenait une conférence de presse sur la tenue de la réunion du comité central. On est confondu par son amateurisme. Il ne prendra pas connaissance avant d’être interrogé du document qu’on lui remettra contenant les nouvelles dispositions sur les voyages, sujet qu’il n’abordera qu’à la toute fin de sa conférence de presse en réponse à une question d’un journaliste italien à qui on l’avait soufflée
Je passe maintenant grâce au livre de Heinz-Hermann Hertle, Chronik des Mauerfalls / Die dramatischen Ereignisse um den 9. November 1989 (Ch.Links Verlag), au minutage précis des évènements à partir de la conférence de presse et des annonces des médias ouest-allemands qui l’interprètent comme l’ouverture immédiate des frontières.
18h52 : La parole est au correspondant de l’agence de presse italienne ANSA qui avait été briefé par son homoloque est-allemand. Il pose la question du ratage de la précédente loi (6 novembre) sur les voyages qui limitait la sortie du pays à 30 jours par an, était floue sur les motifs de refus et le financement et n’avait fait que renforcer les protestations dans le pays.
« Nous avons donc décidé aujourd’hui, répond Schabowski, de prendre une disposition (c’est moi qui souligne) qui permet à tout citoyen de la RDA de sortir du pays par les postes-frontières de la RDA » (Sous entendu sans passer par les ambassades occidentales dans les « pays frères »).
A partir de quand ? Quid du passeport ?
Il confirme que les voyages privés à l’étranger seront autorisés sans justification particulière .
On lui redemande : Avec passeport ?
Je ne peux pas répondre sur la question du passeport, dit Schabowski
A partir de quand ?
Dès maintenant
Il est 19 heures. La conférence de presse se termine.
A partir de là tout va s’emballer, l’annonce que la RDA allait prendre des dispositions de libéralisation est transformée par les agences de presse et la télévision ouest-allemande en chose faite. En RDA, la voie hiérarchique est court-circuitée. Toute la chaine descendante de commandement va disjoncter. Le SED qui avait voulu reprendre la main, provoquera la mise en mouvement de la population surtout celle de Berlin Est vers Berlin Ouest.
19h05 : Associated Press annonce : « la RDA ouvre ses frontières »
Peu avant le journal télévisé de la 1ère chaine publique ouest-allemande (ARD), l’agence ouest-allemande dpa surenchérit en annonçant du « sensationnel » : « La frontière avec la RFA et Berlin-Ouest est ouverte »
A 20h, ARD ouvre le journal avec l’information : « La RDA ouvre sa frontière »
20h15 A la fin du journal télévisé, on dénombre 80 Berlinois de l’Est aux trois points de passage venus vérifier la réalité de l’information.
Entre 21 h et 21h30, ils seront entre 500 et 1000 à répartir entre les différents points de passage. Rien n’a changé dans le dispositif des garde frontières. Ce qui avait changé cependant, c’était qu’on n’avait plus peur de s’en approcher.
A 21h 30, est tenté un coup foireux. Pour ouvrir une soupape, les garde frontières laissent sortir des gens en tamponnant leur passeport d’un visa sans retour  Sans le savoir, les premiers candidats à la sortie seront déchus de leur nationalité. (Cette pratique est-allemande d’annulation des passeports est reprise aujourd’hui par le gouvernement de l’Allemagne réunifiée contre les jeunes gens tenté de partir lutter avec ou contre l’Etat islamique).
La mesure est contreproductive. Elle créera de l’émotion, c’est bon ça pour la télé, et des problèmes en sens inverse avec par exemple des parents qui veulent revenir retrouver leurs enfants à la maison et qui se retrouve tout à coup interdits de retour.
A 22h42, commence avec un peu de retard l’émission d’information Tagesthemen  de l’ARD.
« Le sujet introductif montre un Berlin-Ouest pratiquement vide du côté de la Porte de Brandebourg. Le présentateur en chef Hanns Joachim Friedrichs commenta en off : La porte de Brandebourg, ce soir. Comme symbole de la division de Berlin, elle a fait son temps. Tout comme le Mur qui depuis 28 années sépare l’est et l’ouest. La RDA a cédé à la pression de la population. Les déplacements vers l’ouest sont libres . Puis Friedrichs est à l’antenne et dit : Il faut être prudent avec les superlatifs, ils s’usent facilement. Mais ce soir on peut en risquer un : ce 9 novembre est un jour historique . La Rda a annoncé que ses frontières sont ouvertes pour chacun à partir de maintenant .
Mais le discours de Friedrichs anticipait les évènements. Un film de la rédaction berlinoise [le siège était à Hambourg] bouclé à 22 heures montre que contrairement à ce qu’il annonçait, il régnait un calme absolu au moins aux points de passage filmés de la Heinrich-Heine-Strasse et de Checkpoint Charlie.
On passe à la rédaction berlinoise. Le reporter Robin Lautenbach est en direct du point de passage Invalidenstrasse, incontestablement fermé. Trois témoins berlinois de l’Ouest qui venait du point de passage Bornholmerstrasse et que Lautenbach interviewa sauvèrent Friedrichs du pétrin.
Sans connaissance de l’intention de la RDA de distribuer des visas sans retour, un témoin raconte : j’ai vécu l’arrivée vers nous vers 21h25 du premier couple en larmes, ils avaient atteint la ligne blanche . Les deux m’ont sauté au cou et nous avons pleuré ensemble ? Immédiatement le reporter Robin Lautenbach déclara que le point de passage fermé de l’Invalienstrasse était une exception :  manifestement ici Invalidenstrasse de l’autre côté la police des frontières n’ont pas encore reçu ou compris les instructions…Mais, comme dit, à d’autres points de passage, pas seulement dans la Bornholmerstrasse – nous l’avons aussi entendu de la Sonnenallee et du point de passage des étrangers Checkpoint Charlie – il est apparemment possible avec cette nouvelle réglementation de passer sans complication à Berlin Ouest »
Hans Harmann Hertle : Chronik des Mauerfalls Die dramatischen Ereignisse um den 9. November 1989 Ch.Links Verlag
La suite est connue, on nous la diffuse en boucle depuis 25 ans : la rumeur s’est réalisée. C’est un cas de prophétie auto-réalisatrice.
« Ces téléspectateurs et auditeurs qui ne voulaient pas rater ce moment historique et qui voulaient simplement aller voir et en être et qui pour cette raison ont afflué aux postes frontières et à la Porte de Brandebourg ont en fait créé l’évènement qui sans cela n’aurait pas eu lieu. Une fiction diffusée par les médias a mobilisé les masses et est devenue réalité. La chute du Mur est le premier événement mondial survenu pour avoir été annoncé par anticipation par les agences de presse, la radio et la télévision ».
Hans Harmann Hertle ibid
Si les dirigeants est-allemands avaient voulu le faire exprès, ils ne s’y seraient pas pris autrement.
Pour conclure, j’aimerais introduire une notion développée par Paul Virilio dans Ville panique, celle de « synchronisation de l’émotion collective » que l’on a me semble-t-il vu à l’œuvre ce soir là. On y a vécu comme une anticipation de ce que Virilio décrira ainsi :
« Après la longue histoire de la standardisation de l’opinion publique de l’époque de la révolution industrielle et de ses système de reproduction à l’identique, nous entrons dans l’ère d’une synchronisation de l’émotion collective qui favorise, avec la révolution informationnelle, non plus l’ancien collectivisme bureaucratique des régimes totalitaires, mais ce que l’on pourrait paradoxalement dénommer un individualisme de masse – puisque c’est chacun, un par un, qui subit, au même instant, le conditionnement mass médiatique ».
Paul Virilo Ville panique Editions Galilée page 49
Ce n’est pas tant la « synchronisation des émotions » qui constitue ici la nouveauté, Virilio lui-même la date je crois, à l’échelle planétaire, des premiers pas sur la lune, que le passage à l’individualisme de masse. Ce passage si l’on peut dire s’est fait à Berlin, le 9 novembre 1989. Il annonce l’avènement d’un autre communisme : le communisme des affects (Virilio) dans lequel nous vivons.

25 ans après ….

Je laisse de côté les questions de la commémoration et du marché de la mémoire qui bat son plein et pas seulement à Berlin, ainsi que celles du différentiel persistant entre l’est et l’ouest en Allemagne, pour un mot sur la manière dont le mur fait retour pas tellement dans le monde qui en est plein mais en Europe même. Récemment les internautes hongrois ont reproché à leur gouvernement à propos de la taxation de l’Internet de vouloir ériger « un rideau de fer digital » autour du pays. Le projet est pour l’instant retiré. A Berlin, un groupe d’artistes du Centre pour la beauté politique a détourné un certain nombre (14) de croix de victimes du Mur dans l’intention de les déplacer sur les murs qui barricadent l’Europe contre les immigrés, façon de créer un arc du passé vers le présent affirmant : « 25 ans après la chute du mur allemand, ce sont les frontières de l’Europe qui sont étanches et des dizaines de milliers de personnes se noient,meurent de déshydratation ou sombrent devant les murs extérieurs de l’Europe ». Ils se sont rendus en Bulgarie pour faire tomber le premier mur de l’Europe. Ils y ont été bloqués par la mobilisation policière et n’ont pas pu y parvenir.
[1] Goethe et Schiller , Xénies 95 : « L’Allemagne ? Mais où est-ce ? Je n’arrive pas à trouver ce pays
[2] Andrea Hünninger / Als der Globus explodierte Frankfurter Allgemeine Zeitung 8 janvier 2010
[3] Incipit de Trame d’ Enfance Editions Stock, 2009
[4] Automne allemand Actes Sud Babel page 40
[5] Simone Barck :  Le discours antifasciste en RDA dans LA RDA AU PASSE PRESENT sous la direction de Catherine FABRE-RENAULT, Elisa GOUDIN et Carola HÄHNEL-MESNARD. Presses Sorbonne Nouvelle 2006
[6] Werner Mittenzwei : Die Intellektuellen / Litteratur und Politik in Ostdeutschland 1945-2000. Editions Faber&Faber Leipzig
ae9783861535416
Hans-Hermann Hertle
Chronik des Mauerfalls
Die dramatischen Ereignisse um den 9. November 1989
Ch.Links Verlag
Existe aussi en format numérique

 

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