Heiner Müller : J’aurais préféré que l’on réunisse la Thuringe à l’Italie, la Saxe à la France…..

Il y a 25 ans, s’est opérée l’unification des deux Allemagnes issues de la Seconde guerre mondiale. Le Mitteldeustcher Rundfunk a récemment diffusé à cette occasion un documentaire fait d’un collage de différentes émissions de débats qui ont eu lieu à la télévision entre la Chute du Mur en 1989 et la réunification qui aura lieu à marche forcée et sera effective moins d’un an plus tard, le 3 octobre 1990. Les émissions, nouveauté à l’époque, réunissaient à chaque fois des Allemands de l’Est et de l’Ouest. En la voyant, j’ai eu le plaisir de retrouver un Heiner Müller en pleine forme, prenant comme  à son habitude  le contre-pied radical du courant dominant sans toutefois casser l’ambiance et en mettant les rieurs de son côté. J’ai choisi trois extraits d’une émission qui avait été diffusée par le Hessischer Rundfunk, le 18. Mai 1990.
Heiner Müller :
J’aurais préféré que l’on réunisse la Thuringe avec l’Italie, la Saxe et la France, le Mecklembourg avec l’Angleterre, cela aurait été une bonne chose et aurait bien plus amusé les gens à long terme. Actuellement c’est terrible, nous avons d’abord à faire à une colonisation. Je ne peux qu’espérer qu’Hitler avait raison quand il affirmait que le peuple de l’est s’est avéré le plus fort mais je ne sais pas comment cela peut fonctionner.

 

Heiner Müller :
La seule chose qui a échoué c’est une tentative de contredire Marx. Elle a commencé en 1917 et s’achève aujourd’hui. On pourra à nouveau relire Marx, on ne le fera pas dans l’immédiat mais cela redeviendra intéressant.

 

Heiner Müller
L’ensemble de l’Europe de l’Est fonctionnait selon la loi du ralentissement. C’est d’ailleurs peut-être une erreur de croire que les révolutions dans l’histoire sont des facteurs d’accélération, elles étaient peut-être au contraire toujours des tentatives d’arrêter le temps. En 1871, lors de la Commune de Paris, on a commencé par tirer sur des montres. Tout ce mécanisme de ralentissement a été stoppé et entraîné dans une formidable accélération de sorte que des pans nous sautent au visage. Tout va trop vite. Le tournant (Wende) est arrivé trop tard comme tout arrive toujours trop tard en Allemagne, l’ouverture de la frontière arrive trop tôt. Personne n’y était préparé. Cela crée un vide. On ne sait pas ce qui peut en sortir. Peut-être des choses que l’on croyait oubliées depuis longtemps.
Extraits de Vorher reden wir aber noch! (Teil 2) Deutsch-deutsche Talkshows im Einheitsjahr 1989/90 qu’on peut retrouver ici
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