La « guerre des paysans (12). Un épilogue et un film documentaire

Gravure satirique allemande contemporaine des débuts de la Réforme sur le thème du monde à l’ envers. Les seigneurs ecclésiastiques sont directement visés. (Bibliothèque municipale de Colmar, Cabinet des Estampes)

Je suis loin d’avoir fait un tour complet de l’histoire de la « guerre des paysans ». Ce n’était pas mon intention. Celle-ci n’était que d’ouvrir des fenêtres pour éclairer quelques moments de ce « passé palimpseste », selon l’expression de Georges Bischoff dans son dernier ouvrage. Car c’est une mémoire enfouie et oubliée sous les couches d’histoire postérieures. En France, cela reste encore largement vrai. En Allemagne moins depuis ces dernières années après, faut le dire, de longue périodes de silence.
L’écriture de cette histoire est loin d’être achevée et, en relation avec des préoccupations contemporaines, de nouveaux angles d’approche apparaissent. J’ai, dès le premier de mes douze articles, signalé la question de la participation des femmes au mouvement. La dimension écologique est, elle aussi, examinée par les historiens. Elle peut se lire en filigrane des XII articles et, par exemple, sur les questions de développement durable concernant la pression sur les ressources en eaux, forêts et la chasse, avec celle de leur partage. Plus incongrue, voire totalement absurde, est la réapparition d’une approche en termes de guerre de religions.
La « guerre des paysans » est pour moi la résultante d’une crise multifactorielle. Crise de la féodalité en mal de réforme et crise de la foi, non en dieu, la population est restée très croyante, mais en ses représentants sur terre, le pape et l’église de Rome, plus préoccupés par leurs biens matériels que soucieux de remplir leur mission spirituelle. Cela dans un contexte de bouleversements du monde et des esprits remodelés par les découvertes scientifiques et la révolution de l’imprimerie. Cette nouvelle technologie de l’esprit va au-delà d’une simple question de diffusion des écrits et des idées. Elle métamorphose le rapport à la mémoire et à la pensée, comme le fait aujourd’hui la révolution numérique.

«  Partie à la recherche des épices de l’Asie, l’Europe rencontre … l’or et l’argent de l’Amérique. Pour les conquérir, Hernando Cortez s’empare du Mexique en 1519, Francisco Pizarro, du Pérou en 1531 et Diego de Almagro, du Chili en 1535. Dès lors, rien n’empêche les métaux précieux de se répandre sur tout le continent.
On estime qu’entre 1492 et 1550 leur stock, d’abord essentiellement constitué d’or, puis à prédominance d’argent, a été multiplié par un coefficient de 8 à 12. Un phénomène inattendu se produit alors : dans toute l’Europe, les prix s’accroissent à une vitesse vertigineuse. Les victimes sont comme toujours les titulaires de revenus fixes (ouvriers et nobles peu fortunés passant leur temps aux armées) alors que les propriétaires nobles ou bourgeois, vendant leurs produits, les commerçants et les banquiers, en sont les bénéficiaires. Ainsi, s’opère définitivement la transition entre deux mondes, le monde médiéval gouverné par sa règle de modération dans sa poursuite du lucre et sa condamnation du gain pour le gain et le monde nouveau où le marchand va devenir roi. Désormais l’or pourra tout acheter. .. jusqu’au salut des âmes ; L’or, dit Christophe Colomb, est le trésor, et celui qui le possède a tout ce qu’il faut en ce monde, comme il a aussi le moyen de racheter les âmes du Purgatoire et de les installer au Paradis. L’Église rentrera dans ce jeu-là lorsqu’en 1515, le pape Léon X accordera des indulgences à tous ceux qui contribuent financièrement à l’achèvement de la basilique Saint-Pierre de Rome. La violente réaction de Martin Luther (1483-1546), qui déclenchera la Réforme, n’ira cependant pas – même si elle s’inscrit dans la ligne d’un retour vers le passé – jusqu’à condamner le principe de tout commerce de l’argent, dès lors que les taux ne sont pas usuraires ; quant à Calvin (1509-1564), Max Weber (1864-1920) a montré comment sa conception de l’ascétisme laïc combinée à la réhabilitation de la réussite dans les affaires a efficacement contribué à l’accumulation sur laquelle devait s’appuyer l’essor du système capitaliste. »

(René Passet : Les grandes représentations du monde et de l’économie à travers l’histoire. Editions Les Liens qui Libèrent p. 104)

L’historien suisse Peter Blickle note à propos de la doléance sur la main-morte, cet impôt sur l’héritage dont les insurgés demandaient la suppression, que cette revendication porte avant tout sur un partage des bénéfices de l’agriculture selon un principe d’équité. Il ajoute :

« Ce n’est pas un pur hasard si la guerre des paysans a eu lieu là où les échanges marchands étaient particulièrement intenses, le nombre de villes particulièrement élevé, la population particulièrement nombreuse et la demande en produits agricoles particulièrement vivante, surtout pour les produits de grande valeur et demandant une intensité de travail importante comme, par exemple, le vin. Pourquoi les gains n’auraient-ils profité qu’aux représentants des maîtres et servi qu’aux églises, monastères, châteaux pour lesquels les paysans payaient déjà des redevances dues aux seigneurs auxquelles s’ajoutaient de nouveaux impôts. La revendication visant à permettre aux enfants d’hériter problématisait la réalité existante sous la forme d’un respect social du travail ».

(Peter Blickle : Der Bauernkrieg. Die Revolution des gemeinen Mannes. CH Beck. 2012. p. 68)

L’aspect à prendre en compte est donc celui du développement d’une économie marchande avec des zones blanches et une intensité inégale des soulèvements. Mais aussi avec des éléments de financiarisation avec d’un côté un appauvrissement de la paysannerie et de l’autre un élargissement de la propriété foncière. Charles Quint pour rembourser aux banquiers Fugger les sommes d’argent qui lui ont permis d’acheter son statut d’empereur leur octroie des seigneuries, expliquait Georges Bischoff dans une conférence. Il ajoutait que l’évêque de Strasbourg était allé jusqu’à vendre le droit de manger du beurre pendant le carême. La dimension monétaire permet aussi de comprendre la pratique de libération des insurgés capturés moyennant de lourdes amendes tant individuelles que collectives, véritable manne financière pour ceux qui organisaient la répression. Globalement, les inégalités sociales se sont creusées.

Faire tourner la roue de la fortune

Frontispice de l’écrit anonyme An die Versammlung gemayner Pawerschafft, die in hochdeutscher Nation und vielen anderen Orten mit Empörung und Aufruhr entstanden ist, etc. Ob ihre Empörung in gerechter oder ungerechter Weise geschieht und was sie der Obrigkeit schuldig oder nicht schuldig sind, etc. Gegründet auf der Heiligen Schrift, von oberländischen Mitbrüdern guter Meinung verfasst und beschrieben, etc. « A l’assemblée de la commune paysannerie, qui s’est soulevée avec indignation et par des émeutes dans le sud de la nation allemande et en mains autres endroits, etc. Pour savoir si leur indignation est justifiée ou non, et si l’autorité est coupable ou non, etc. Fondé sur les saintes écritures, conçu et décrit par des frères du pays haut, de bonne opinion, etc » (Source)

L’inscription au milieu et au dessus de la gravure donne le sens de l’image :

hie ist des Glücksrad stund und zeyt
Gott wayst wer der oberist belybt

Voici l’heure et le temps de la roue de la fortune
Dieu dira qui restera en haut

Sur la roue tournée par un moine sont ficelés le pape et un évêque. A gauche, les paysans et les bons chrétiens, à droite les romanistes (partisans de l’église de Rome) et les sophistes. Les inscriptions en dessous du dessin opposent le péché capital de l’avarice des maîtres (der Herren gyz), l’hubris d’accaparement des biens, au modèle républicain suisse (Wer meret Schwyz). L’écrit et le frontispice expriment, selon Thomas Kaufmann, « la conscience d’un kairos apocalyptique » proche de celui de Thomas Münzer. Le kairos signifie le moment opportun à saisir. Ce qui est particulièrement intéressant dans cet écrit, dont il est impossible de mesurer l’impact qu’il a pu avoir, c’est qu’il tente de pousser le mouvement jusqu’à l’idée de république. Mais cela ne suffit pas pour parler d’une révolution. Alors venons-en à cette question laissée ouverte dans l’introduction.

Révolution ?

Si tous les historiens s’accordent pour considérer que la « guerre des paysans » a été un considérable mouvement de masse dans l’empire romain germanique, et admettre son caractère de mouvement d’émancipation politique – « ils veulent être libres » -, la question de son interprétation reste cependant encore ouverte. Il est certain toutefois qu’elle a fortement ébranlé le système féodal.
Peter Blickle avait substitué à l’expression inadéquate et attribuée par les vainqueurs de « guerre des paysans », qui ne comprenait pas que des paysans, celle de « révolution de l’homme du commun », Revolution des gemeinen Mannes, révolution des assujettis. Le gemeinen Mann désigne dans son esprit celui qui subit une domination. Comment en était-il arrivé à cette expression ? Avant tout en raison des objectifs programmatiques des insurgés qui accompagnent leurs capacités d’organisation. Il l’explique ainsi :

„Das göttliche Recht bildete den Ansatzpunkt zur Entwicklung neuer Verfassungsmodelle. Sie fußten auf der Prämisse, das Evangelium könne den Parameter für weltliche Ordnungen abgeben […] Gemeinsam ist allen Programmen, daß sie die Land- und Stadtgemeinden zur Basis des staatlichen Aufbaus machen und das Prinzip der Wahl für alle politischen Ämter durchsetzen wollen. So gelesen können die Programme insgesamt das Attribut »revolutionär« beanspruchen und der Bauernkrieg als solcher die Bezeichnung »Revolution des gemeinen Mannes«. Strittig freilich ist, ob die regionalen Entwürfe soweit abstrahiert werden können, wie es ein solches Interpretationskonzept verlangt, und inwieweit die programmatischen Aspirationen nicht Äußerungen von Intellektuellen darstellen (Hubmaier, Hipler u.a.) und folglich nur wenig Verbindlichkeit reklamieren können“

« Le droit divin a constitué le point de départ pour le développement de nouveaux modèles constitutionnels. Ils reposaient sur la prémisse que l’évangile pouvait fournir le paramètre pour les ordres temporels […]. Le point commun de tous les programmes est le fait qu’ils ont pris pour base de la construction de l’état, les communautés de pays et de villes, et qu’ils voulaient imposer le principe de l’élection pour toutes les fonctions politiques. Lus ainsi, les programmes pouvaient revendiquer l’attribut de ‘révolutionnaire’ et la guerre des paysans comme telle celle de ‘révolution de l’homme du commun’. La discussion porte sur la question de savoir si l’on peut suffisamment abstraire les projets régionaux pour que cela corresponde à un tel concept d’interprétation et dans quelle mesure les aspirations programmatiques ne sont pas celles d’intellectuels (Hubmaier, Hipler et autres) et donc ne réclament que peu d’engagement. » (Source)

Cette dernière remarque conduit à se demander dans quelle mesure la majorité des insurgés avait faite sienne un programme de transformation. L’idée d’une révolution est contestée par ceux qui pensent qu’elle s’est surtout mobilisée pour l’amélioration des conditions de vie et de travail dans le cadre de l’ordre existant. D’autres insistent plus sur la notion de demande de participation à la vie commune du village, de la cité, du pays (Landschaft). Se pose aussi le problème de la réticence des villes et la frilosité des bourgeois urbains à participer au mouvement.
Pour Georges Bischoff, la « guerre des paysans »

« n’est pas une révolte mais une révolution, un mouvement profond sans équivalent. C’est aussi un accélérateur historique qui a fait que le monde d’après n’était plus celui d’avant »
(Entretien au journal L’Alsace du 24 mai 2025).

Pour l’historien de l’Alsace, c’est une révolution sociale, religieuse et politique, un mouvement de fond, dont le but est d’instaurer un ordre nouveau en renversant l’ordre ancien. Surtout en Alsace, c’est un mouvement programmé qui s’effectue par la violence, certes, par une organisation nouvelle surtout, et enfin à partir d’un programme. Il est parti du peuple pour un renversement vers un monde de liberté, d’égalité, de fraternité.

« Un événement révolutionnaire existe à partir d’une attente et d’un projet. Ici, les facteurs matériels ne sont pas des conditions suffisantes. Et la goutte d’eau qui fait déborder le vase n’a qu’une importance secondaire. Non, la Révolution de 1525 est le produit d’une culture et, plus encore, d’une espérance. Ses racines chrétiennes sont, semble-t-il, déterminantes. »

Georges Bischoff : « Ils veulent être libres ». La révolution de 1525 entre Vosges et Jura. Société d’Histoire du Sundgau. 2025. p.295)

Sur ce plan, deux choses m’ont frappé au cours de ce travail. C’est, d’une part cette sorte de projection d’utopie en un jeu de miroir inversé, comme dans la première image de renversement des rôles ci-dessus. D’autre part, m’est venue au cours de ce travail, peut-être parce que je suis passé d’Alsace en Alsace, l’idée d’un processus, que l’on peut peut-être qualifier de révolutionnaire à terme s’il n’avait pas été stoppé net, dans la mesure où l’on peut percevoir une sorte de maturation quand on considère l’ensemble des mouvements en évolution. Un processus qui a d’abord consisté à sortir de simples révoltes, pour mieux s’organiser et se doter de programmes eux-mêmes s’enrichissant au fur et à mesure. Une sanglante répression y a mis fin.
Je propose de verser dans la discussion sur cette question de la révolution une réflexion de Walter Benjamin :

« Marx avait dit que les révolutions sont la locomotive de l’histoire mondiale. Mais il se peut que les choses se présentent tout autrement. Il se peut que les révolutions soient l’acte, par lequel l’humanité qui voyage dans ce train, tire les freins d’arrêt d’urgence [Notbremse] »

(Walter Benjamin, cité et traduit par Michael Löwy, in Walter Benjamin : avertissement d’incendie. Une lecture des thèses « Sur le concept d’histoire », L’Éclat, 2018, p. 123.)

Sans intention critique envers les insurgés, ce qui serait non seulement ptétentieux mais surtout anti-historique, plutôt à l’attention de mes contemporains, il me semble que l’imaginaire d’une inversion des rôles est suranné. Un renversement n’est pas la construction d’une bifurcation alternative. Je continue de penser que les insurgés ne se sont pas engagés dans une guerre civile. Ce n’était pas non plus une guerre des pauvres.  Reste qu’en certains endroits, les féodaux ont perdu le pouvoir pour un temps. Ils ont senti passer très prêt le boulet au point d’en arriver à la conclusion : plus jamais ça !

Le monde d’après

Si l’on admet l’idée de révolution, peut-on ou faut-il dire qu’elle a échoué ? Malgré le lourd prix en sang payé par les insurgés, la réalité du monde d’après ne permet pas de parler d’une simple restauration de l’ordre ancien.

„Trotz der militärischen Niederwerfung kam es, vornehmlich in den Alpenländern und in Teilen Oberdeutschlands, zu bemerkenswerten Kompromissen und Entlastungen für die Bauern, so daß von einem generellen Scheitern des Bauernkriegs nicht die Rede sein kann. Die Obrigkeiten waren vom Aufstand des gemeinen Mannes zutiefst irritiert und fürchteten, wie die Reichstagsverhandlungen (1526, 1529, 1530) hinreichend zeigen, einen neuerlichen Ausbruch der Unruhen“.

« Malgré l’écrasement militaire, de remarquables compromis et des allègements notables pour les paysans ont été obtenus, principalement dans les pays alpins et dans certaines régions de l’Allemagne, de sorte qu’on ne peut pas parler d’un échec général de la guerre des paysans. Les autorités étaient profondément irritées par le soulèvement de l’homme du commun et craignaient, comme le montrent suffisamment les négociations du Reichstag (1526, 1529, 1530), une nouvelle flambée de troubles ». (Source)

Ce point de vue est aussi celui de Georges Bischoff :

« La Guerre des Paysans est un moment fondateur. L’ordre qui lui succède n’est pas une restauration, mais quelque chose de différent. Ce n’est pas un retour en arrière, comme on pourrait le penser, mais une recomposition, invisible, des forces politiques et sociales ».(G. Bischoff oc p. 244)

Le médiéviste propose de renverser la réplique que l’on prête souvent à Tancrède dans le Guépard de Luchino Visconti, il faut que tout change pour que rien ne change, en  il faut que rien ne change – en apparence – pour que tout change.
La vraie réplique est la suivante : « si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change ».

Après 1525,

« Les conflits entre communautés et seigneurs sont canalisés par des institutions, les droits, fixés une fois pour tous, dans des procédures familières. La marge de progression qui autorisait des empiétements et des abus s’est réduite comme une peau de chagrin. Encadrée par l’État, et par l’Église, plus disciplinée qu’elle n’était grâce à la contre-réforme, la judiciarisation de la société s’impose ». (Bischoff : o.c. p. 294-295)

En conférence, il avait donné à l’appui de cela des exemples concrets concernant le contrôle des prix, la mise en place de stocks et de greniers d’abondance, la disparition du servage, la limitation des corvées et des humiliations les plus graves, le respect des coutumes, la réforme des églises, le tout par un renforcement des structures étatiques contre les absolutismes locaux des seigneurs.

Au cinéma

Pour finir, je vous invite à voir un film documentaire dont voici l’ouverture :

1525, la révolution oubliée. Porté par des illustrations originales de John Howe, le film retrace l’histoire de la « guerre des Paysans ». Durée : 52 minutes – Réalisation : Alexis et de Yannis Metzinger – Production : Carigo Films avec la participation de France Télévisions.
Le documentaire dans son intégralité est en accès libre ici

Sommaire de la série

Dans mon reportage à l’intérieur des livres d’histoire sur la Guerre des paysans, j’ai opté, tout en restant dans la chronologie, pour la sélection de quelques moments qui me paraissent particulièrement intéressants voire inspirants. J’en rappelle le sommaire :

(1) Il y a 500 ans, la « guerre des paysans » dans l’Empire romain germanique

On l’appelle la guerre des paysans. Il faudra examiner cette expression qui désigne un vaste mouvement de soulèvements populaires qui culminèrent dans les années 1524-1525 dans une grande partie du Saint Empire romain germanique. Il s’étendra de l’Alsace à la Thuringe, au Tyrol et à l’Autriche sans oublier la Suisse.

(2) Les révoltes du Bundschuh

La guerre des paysans n’est pas tombée comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Elle a été précédée de nombreux signes avant-coureurs. Je ne ferai pas la liste des soulèvements ayant eu lieu dans ce « Moyen-âge rebelle » (Christian Pantle). Je retiendrai deux aspects. Le premier concerne une phrase venue d’Angleterre qui fit florès dans l’aire germanique, le second les pèlerinages de masse de Niklashausen. Puis, il sera question des révoltes du Bundschuh de 1493 puis 1501-1502, 1512-1513.

(3) Le cauchemar d’un ermite et le soulèvement du pauvre Conrad

Je change un peu d’optique, cette fois pour établir un lien entre un soulèvement, celui du Pauvre Conrad, et un écrit non théologique qui est un appel non seulement à ne pas se laisser faire mais également à ne pas être complice de ce qu’il se passe tout en se basant sur une conception de la bonne économie opposée à celle néfaste des féodaux. Son auteur est Alexander Seitz. On lui doit notemment un essai sur le rêve (Traumtraktat).

(4) Mais que vient donc faire ici cet escargot ?

Nous nous intéresserons à un aspect sur lequel les historiens sont peu diserts. Pourtant, pas moins de trois chroniques de l’époque évoquent une étrange histoire de coquilles d‘escargots qui aurait fait déborder le vase déjà bien plein de l’homme du commun. L’épisode se situe dans le comté de Stühlingen, dans le sud de la Forêt Noire près de la frontière avec la Suisse.

(5). Les trois bandes paysannes (Haufen) de Haute Souabe à l’origine des XII articles de Memmingen

Nous passons de Stühlingen, considéré comme « le berceau de l’insurrection », en 1524 à Memmingen plus à l’est où les représentants des bandes de révoltés, réunies en mars 1525, adoptent les douze articles du manifeste de Memmingen.

(6) Les XII articles de Memmingen

Les trois bandes insurgées réunissant quelque 20 000 personnes sillonnent la région de la Haute Souabe et se rassemblent en une Assemblée chrétienne. Elles envoient début mars 1525, des délégués dans la ville de Memmingen pour y adopter un programme commun : une « première tentative vague d’un projet de constitution » (Bundesordnung), le 7 mars, puis les désormais fameux XII articles qui sont « à la fois articles de doléances, programme de réformes et manifeste politique ».

(7) La guerre des seigneurs contre les paysans

A partir de l’assimilation de la révolte à une atteinte violente à l’ordre public (Landfriedensbruch), une accusation jusqu’ici réservée à la noblesse, c’est celle-ci qui définit le terme de la conflictualité, à savoir que ce sera la guerre.

(8). Allons à Mühlhausen en Thuringe

La Thuringe qui est à la fois le pays de Martin Luther et de Thomas Müntzer. La bataille de Frankenhausen. Omnia sunt communia.

(9). De Mühlhausen (Thuringe) à Mulhouse (Alsace)

Nous voici revenus en Alsace où tout a commencé avec les révoltes du Bundschuh. L’insurrection déborde quelque peu ce territoire puisque les événement se déroulent non seulement de part et d’autre du Rhin mais s’étendent des Vosges et du plateau lorrain au Jura.

(10). En chansons de l’époque

Cet article ne concerne que les chansons que l’on peut attribuer à l’époque, autour de 1525, et n’évoque pas celles plus connues qui ont été écrites ultérieurement. Deux chansons particulières seront mises en avant : celle du Rosemont, en langue comtoise et celle dite des Armagnacs sur le siège de Wattwiller, en langue germanique.

(11) Albrecht Dürer : Traumgesicht / Vision de rêve

Quel rapport une aquarelle de Albrecht Dürer et la description d’un rêve qui l’accompagne a-t-elle avec la « guerre des paysans » ? Sa place dans l’histoire des rêves. « Projet de colonne commémorative d’une victoire sur les paysans» de Dürer.

(12) Un épilogue et un film documentaire.

On revient sur la question restée ouverte de savoir si la « guerre des paysans » était une révolution. Présentation du documentaire : 1525, la révolution oubliée

Ce contenu a été publié dans Histoire, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *