Une histoire de cuisine franco-allemande

Une contribution  invitée. Une lectrice m’a envoyé plusieurs textes. Je l’en remercie. Je publie volontiers celui que vous pourrez lire ci-dessous et qui est tout à fait dans l’esprit du SauteRhin. Françoise Grimal est française et vit en Allemagne. Elle écrit d’abord en allemand, j’en ai gardé l’ordre : d’abord le texte allemand puis la version française

Jardin nature agencée : à fleur, patchwork du groupe d’artistes allemands Tex 21 Exposition « Patchworks des 4 saisons » Parc de Wesserling. Ecomusée textile. 2012

Hexenküche oder klassische Kochkunst

Bekannt ist die Redewendung „wir sitzen im gleichen Boot“. Ich sitze gern in meinem Boot, aber am liebsten allein. Als Französin, die ich doch geblieben bin, gehen mir Empfindungen und Gefühle durch den Magen und mein Denken ist sozusagen kulinarisch. Ich würde also eher sagen, dass wir, Gisela und ich, seit mehr als zwanzig Jahren sozusagen im gleichen Topf schmoren. Daraus ist nicht der Eintopf entstanden, ein trauriges Einerlei. Es brodelt nicht in diesem Topf, es köchelt, ein nettes Süppchen, das unser leibliches und seelisches Wohlbefinden stützt und aufrechterhält trotz widriger Witterungen der Umstrukturierungen an der Universität, trotz des rauheren Windes, der durch diese Gesellschaft weht.
Berufstätige Frauen, wenn sie dazu noch Mütter sind, sind doppelt und dreifach belastet, so die Erkenntnisse der Frauenbewegung, auf die ich aber nicht weiter eingehen möchte. Zwang der Verhältnisse oder Emanzipationsbestrebungen, in untergeordneter Position, in Frauenberufen wie auch immer, verbringen dann die Frauen, genau wie die Männer, Tag für Tag acht Stunden oder mehr am Arbeitsplatz, fast mehr als in der Partnerschaft oder im Kreis der Familie. Dort schmoren sie über viele Jahre in größeren oder kleineren Töpfen. Nicht immer angenehm, was sich da zusammenbraut. Manchmal riecht es nach angebrannt oder nach dünner Mehlsuppe. Manche Töpfe entwickeln sich manchmal zu gewaltigen Hexenkesseln. Es dampft, zischt und brodelt auf Teufel kommt raus, droht zu explodieren.
Es gibt aber kleine Oasen, wo anscheinend nach anderem Rezept gekocht wird.
Man nehme eine blonde Deutsche und dazu eine dunkelhaarige Französin, Gewächse aus grundverschiedener Züchtung, verpflanzt auf fremden Boden an der Grenze verschiedener Kulturen. Man pflücke sie nicht zu früh, sondern warte, dass sie Blüte und Frucht getragen haben und tue sie in den Topf hinein. Man verbinde diese Zutaten mit solidarischen Grundverhalten gepaart mit Sinn für Humor. Man füge hinzu preußische Korrektheit und einen kleinen Hang zur Anarchie, drei Körner Sanftmut und eine Prise Aufmüpfigkeit. Lange köcheln lassen, nur ab und zu umrühren. Die Grundlage für das Gelingen der Kochkunst – wir setzen hier auf die traditionellen Werte der klassischen Küche – nicht vergessen: den Fond, der lange vorher zubereitet, die vielen Geschmackstoffe enthält und alle Zutaten miteinander verbindet .
Ohne Gisela wäre das feine Süppchen nicht entstanden. Ohne sie hätte das Köcheln nicht so viel Spaß gemacht. Nicht mit jeder Kollegin hätte diese Verbindung von Arbeit und Leben entstehen können, die der Arbeit ihren guten Geschmack gibt. Dafür möchte ich mich bei ihr bedanken. Sie verteilt und verteilt. Viele kommen, kommen wieder, kommen gern wieder, anscheinend, weil es ihnen schmeckt. Leider fehlt uns der große runde Tisch, um die sie sich versammeln könnten. Beide sind wir Verfechterinnen der Großfamilie, nicht der der Blutsbande – nichts gegen unsere Kinder, zu den wir trotz Stürme hundertprozentig stehen und auch nichts gegen unsere Ex-Ehemänner, die nach einiger Turbulenz uns doch geduldig weiter begleiten -, sondern der sogenannten Patchwork-Familie, die man sich bewusst über die Jahre Stück für Stück zusammenbastelt, das ist die mit den schönsten Blüten. Besonders groß war der Einsatz von Gisela und entsprechend groß ist ihre Familie.

Françoise Grimal

Cuisine de sorcière ou art culinaire classique

Bien connue est l’expression « nous sommes tous dans le même bateau ». Je suis volontiers dans mon bateau, mais je préfère y être seule. Pour la Française que je suis restée, les émotions et les sentiments passent par l’estomac et ma façon de penser est pour ainsi dire culinaire. Je dirais donc que depuis plus de vingt ans, Gisela et moi nous mijotons dans la même marmite. Ce n’est pas un ragoût, un n’importe quoi triste qui en ressort. Cela ne bouillonne pas dans cette casserole, il s’y mijote un bon potage qui assure notre bien-être corporel et psychique malgré les vents contraires de la restructuration à l’université, malgré le vent rude qui souffle sur cette société.
Les femmes qui travaillent, quand en plus elles ont des enfants, sont doublement et triplement surchargées, c’est ce qu’a découvert le mouvement féministe, mais je ne veux pas entrer là dans les détails. Qu’elles y soient contraintes, ou qu’elles travaillent par volonté de s’émanciper, souvent en position subalterne, dans des métiers féminins, peu importe, ces femmes passent alors, comme les hommes, jour pour jour, huit heures ou plus sur leur lieu de travail, presque plus que dans leur relation de couple ou dans leur cercle de famille. Là, elles mijotent dans des marmites plus ou moins grandes. Ce n’est pas toujours agréable ce qui se mijote là. Quelquefois cela sent le brûlé ou la mauvaise soupe au lait. Certaines marmites se transforment en véritables chaudrons de sorcières. Elles fument, sifflent, bouillonnent comme si le diable s’en mêlait, menacent d’exploser.
Mais il y a de petites oasis où l’on pratique apparemment un autre art culinaire
Prendre une Allemande blonde et y ajouter une Française aux cheveux bruns, plantes issues de cultures totalement différentes, transplantées sur un sol étranger, à la limite de cultures différentes. Ne les cueillez pas trop tôt, attendez plutôt qu’elles portent fleur et fruit et mettez-les dans la casserole. Liez ces ingrédients avec un comportement solidaire auquel s’associe le sens de l’humour. Ajouter de la correction prussienne, une légère tendance à l’anarchie, trois grains de douceur et une pincée d’insoumission. Laisser mijoter longtemps et ne remuer que de temps en temps. À la base de la réussite de cet art culinaire – nous nous appuyons là sur les valeurs fondamentales de la cuisine classique – ne pas oublier le fond de cuisson, qui, préparé longtemps à l’avance, avec son mélange de différents aromates, lie tous les ingrédients.
Sans Gisela, il n’y aurait pas eu ce délicat consommé. Sans elle, de le mijoter n’aurait pas apporté autant de plaisir. Ce n’est pas avec n’importe quelle collègue qu’il aurait été possible de lier de cette façon vie et travail, qui donne son bon goût au travail. Pour cela, je tiens à la remercier. Elle donne et distribue. Beaucoup viennent, reviennent, aiment à revenir, parce qu’ils trouvent que ce qu’elle sert est bon. Ils nous manquent malheureusement la grande table ronde autour de laquelle ils pourraient tous se réunir. Nous sommes toutes les deux adeptes de la grande famille, pas celle du sang – rien contre nos enfants que nous soutenons malgré les orages à cent pour cent, et rien contre nos maris, dont nous sommes séparées et qui après quelques turbulences, patiemment, nous accompagnent encore -, nous sommes les adeptes de ce qu’on appelle la famille patchwork à laquelle on travaille de façon consciente, morceau par morceau, au cours des années, c’est celle qui a les fleurs les plus belles. Gisela s’est particulièrement engagée et grande est sa famille.

Françoise Grimal

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Une réponse à Une histoire de cuisine franco-allemande

  1. Hummel dit :

    Merci pour les délices hebdomadaires

    Remarque sur la cuisine franco-allemande
    Pourquoi pas !
    à condition qu’il y ait préparation de plusieurs fonds
    Sinon le Eintopf, c’est comme les Salat-Teller : tout prend le même goût

    Et n’oublions pas : la cuisine fraiche, le grillé rapide et le cru tout nu sont délicieux
    Après il faut savoir traîner à table, c’est là que se font les amitiés de fond

    Hopla sautons le Rhin, mais en barque lente

    Jean-Marie Hummel

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