Non, Thomas Müntzer n’a pas dirigé la guerre des paysans

Gravure de Thomas Murner, théologien franciscain originaire d’ Obernheim/Obernai en Alsace intitulée le Grand fou luthérien. Il est sur ses deux pieds avec d’un côté, dans la botte, le moine Martin Luther et, de l’autre, une main, dont on peut se demander si elle est coupée comme cela se faisait à l’époque, sortant d’une chaussure et portant le soulier à lacets, le Bundschuh, symbole et étendard des révoltes paysannes dites du Bundschuh. Paru en 1522, le livre a aussitôt été mis au pilon par les autorités strasbourgeoises. Aussi bien Luther que la révolte paysanne chaussent le fou.

Lu, de Gérard Mordillat, ceci :

« Il faut être sensible aux signes que le quotidien nous adresse. Éric Vuillard vient de publier  » La guerre des pauvres  » ; guerre, qui au XVIe siècle, opposa les paysans sous la direction d’un pasteur Thomas Müntzer soutenant leur cause tandis que Martin Luther soutenait celui des princes. Guerre de classe qu’analysèrent en leur temps Friedrich Engels et le philosophe et historien allemand Ernst Bloch et qui apparaîtra aussi dans le prochain roman de Laurent Binet. Müntzer qui sort de l’oubli où il était tombé, déclara dans l’un de ses sermons :  » omnia sunt communia « , toutes choses sont communes, fondement même de l’idée communiste ». ( Source)

J’aurais refermé ce texte avec un haussement d’épaule – plutôt un clic- si je n’avais précédemment lu quelque chose d’approchant sous la plume de Frédéric Lordon qui parlait de « la révolte paysanne emmenée par Thomas Müntzer dans l’Allemagne du XVIe siècle ». C’est donc que ça circule.

Je ne sais trop quel signe (?) le quotidien (?) nous adresserait à partir d’une œuvre de fiction tirée de l’histoire allemande. Ne serait-ce pas plutôt qu’à travers fictions littéraires et cinématographiques, les phantasmes de notre temps parleraient aux phantasmes de notre temps ? Nous ne sommes en tous les cas pas dans la réalité historique. On devrait plutôt s’interroger sur ce besoin à gauche d’un dirigeant unique qui entraînerait les « masses ». Il est cependant amusant de constater, que les « retrouvailles populaires » s’appuient sur des mouvements populaires germaniques, qui couvrent aussi l’Alsace, jusqu’ici largement ignorés. Non sans être cependant passées à la moulinette centralisatrice. Et sur un mode binaire.

Il n’y a pas eu de parti müntzerien. Thomas Müntzer, ce n’est pas l’amoindrir que de le dire, ne peut être considéré comme le dirigeant de la Guerre des paysans.. Elle a eut des leaders choisis démocratiquement mais dans les différentes localités où elle s’est déroulée sur un très vaste territoire allant de la Thuringe à la Lorraine, descendant en Suisse jusqu’au Tyrol du Sud et en Autriche. La guerre des paysans couvre une longue période historique qui débute alors que Thomas Müntzer venait à peine de naître (en 1488). Mais il l’a peut-être, urbi et orbi, dirigée de son berceau, qui sait ? En Alsace – car oui Mesdames et messieurs, elle a aussi eu lieu en Alsace, ce coin sombre de votre intérêt – on peut la situer comme le fait l’historien Georges Bischoff, entre 1493 (Müntzer avait cinq ans) et – 1525, son point culminant qui se conclura par un épouvantable massacre, véritable crime de masse. Il n’a pas dirigé un mouvement qui le dépassait largement même s’il a, à la toute fin, croyant à un signe de Dieu, pris une part importante à l’une des batailles, avec une troupe de 300 hommes (sur des milliers) à partir de Mülhausen en Thuringe et non de Mulhouse en Alsace comme l’a traduit Eric Vuillard. Mulhouse, à l’époque alliée des cantons suisse, s’appelait d’ailleurs aussi alors Mülhausen.

Donc à ma droite, Luther, à ma gauche Müntzer ? C’est un peu simplet. Certes, ce fut un combat de frères… en théologie, mais Müntzer n’a pas dirigé les armées des paysans pas plus que Luther de l’a fait de celles des princes. La Réforme que Martin Luther a largement contribué à initier (mais il a lui aussi eu des précurseurs) a été un catalyseur du mouvement populaire qui a existé avant le geste de protestation des 95 thèses sur les indulgences. Il est vrai que le moine de Wittenberg porte la tache indélébile d’avoir appelé au massacre des paysans. Thomas Müntzer est à la fois, dans le camp de la Réforme, l’adversaire principal de Luther, traité de « docteur menteur », mais il est aussi son spectre : « J’ai donc tué Müntzer ; j’ai sa mort sur le dos. Mais je l’ai fait parce qu’il voulait tuer mon Christ », dit Luther dans un propos de table de 1533 (cité par Heinz Schilling : Martin Luther Biographie Ed Salvator p. 339).

Ils font tous deux, ainsi que l’ensemble de la population, princes et pape compris, face à des questions énormes. Nous sommes, à cette époque, dans un moment de crise de la foi et de la confiance qui se conjugue avec une mondialisation, l’invention de l’imprimerie et de la grammatisation des langues vernaculaires. La crise de la foi devant la pression fiscale de l’Église de Rome débouchera sur la foi dans la fiduciarisation comptable (fiducia =confiance), sur le In god we trust, figurant sur le biller de dollar américain. J’ai parlé de cela dans l’ubris des indulgences ainsi que dans l’histoire mondiale de l’année 1517. Si l’on veut faire des comparaisons, à supposer qu’il le faille, il faut y intégrer ce contexte avec tout ce qui le différencie de notre époque.

Mais je ne veux pas aller plus loin dans la polémique qui deviendrait stérile. Et puisqu’il est question de Thomas Müntzer, allons-y, le plus précisément possible. J’en profite pour reprendre ici quelques extraits d’un texte que j’avais déjà publié dans lequel j’ai esquissé un portrait de Thomas Müntzer et précisé son rôle dans Thomas Müntzer : Bibel, Babil Babel. On pourra s’y reporter.

J’étais parti, pour mon anthologie de la littérature allemande, de l’une des dernières lettres, datant du 26 ou 27 avril 1525 dans laquelle il notait : « Das ganze deutsche, französisch und welsch Land ist bewegt ». Ce qui est traduit par Tout le pays allemand, français et italien est en mouvement. Müntzer raisonne en fonction des parlers, des langues. L’Alsace, en mouvement elle aussi, fait partie du pays allemand. Le pays français est ici sans doute le Pays de Montbéliard où des révoltes sont connues.  Il y eut également des soulèvements en Lorraine francophone du côté de Saint Dié, Blâmont, Dieuze mais elles ont eu lieu le 17 avril 1525, ce qui supposerait que l’information ait circulé très, très rapidement. Je n’ai pas connaissance de soulèvements paysans à cette date dans ce que l’on appelle aujourd’hui l’Italie. Il y en eu cependant au Tyrol du Sud qui n’en faisait pas encore partie. Müntzer parle de welschland , ce qui peut désigner une région où l’on parle l’italien mais aussi bien la Romandie.

Dans ces soulèvements, Müntzer voyait autant de signes que Le Maître va commencer la partie. J’imagine qu’il croyait en l’imminence de la lutte finale contre l’Antéchrist ou, plutôt, qu’était arrivé le moment du Jugement (traduction de krisis) tel qu’il est décrit dans l’évangile de Mathieu (25) où Jésus, qui y est aussi appelé maître, séparera le bon grain de l’ivraie promettant aux uns le châtiment éternel et aux autres la vie éternelle. N’oublions pas que cela se situe dans une incroyable atmosphère de croyances astrologiques qui l’annonçaient (faisaient signe) également.

La lettre de Thomas Müntzer a été qualifiée par le philosophe Ernst Bloch dans ces termes :

« …cet appel, cette déclaration de guerre aux maisons de Baal et de Nimrod – le puissant tyran qui le premier, imposa aux hommes la distinction du mien et du tien – brûle et rayonne comme le plus passionné, comme le plus furieux manifeste révolutionnaire de tous les temps ». (Ernst Bloch : Thomas Müntzer / Théologien de la révolution. Trad. Maurice de Gandillac. Julliard 10/18 p 96)

Malgré la pression de la conjoncture qui appelle des urgences organisationnelles, l’héritage mystique et apocalyptique de Münzer reste présent. La théologie d’abord. Et c’est bien cet alliage original qui fait la caractéristique de celui que son biographe allemand, Hans-Jürgen Goetz, appelle le révolutionnaire à la fin des temps.

La figure de Nimrod permet de situer ce qui oppose Müntzer et Luther. Ce dernier, en effet, l’utilise aussi mais pour fustiger la papauté . Müntzer lance aux insurgés cet appel : Jetez à bas leurs tours ! Parfois, il est traduit de s’en prendre aux donjons, ce qui n’est sans doute pas faux mais ôte la référence à la tour de Babel, puisque c’est de cela dont il est question. Surtout on voit comment, par rapport à une même référence biblique, Müntzer modifie la perspective et l’élargit. Si les théologiens protestants partagent le même anticléricalisme, pour Müntzer l’antéchrist est aussi présent chez les princes. Il ne réussira cependant pas pas à convaincre les paysans de s’en prendre aux châteaux plutôt qu’aux couvents.

Luther publiera son appel Contre les bandes pillardes et assassines des paysans, le 10 mai 1525. Il y qualifie Müntzer d’ »archidiable de Mülhausen » et appelle sans retenue au massacre des paysans oubliant jusqu’à sa propre théologie, comme le note Lucien Febvre, et en violant le principe qu’il a lui-même édicté de séparation du spirituel et du temporel. Luther avait cependant déjà pris position contre les revendications des insurgés réunies dans les célèbres douze articles de doléances (eux aussi à déclinaison régionale) qu’il condamne non pas parce qu’ils ne seraient pas justes mais parce qu’ils ne se soumettaient pas dans leur démarche globale au devoir d’obéissance et de soumission aux autorités civiles. Certaines doléances, Luther les avait lui-même formulées, telle la possibilité pour les communautés de choisir elles-mêmes leurs prêtres comme gage contre leur corruption. Ce que Luther condamnait, écrit Matthieu Arnold, c’était « l’argument qui les sous-tendait : le fait de fonder les rapports sociaux sur l’évangile » (Matthieu Arnold : Luther Fayard p 335).

Or le pur évangile devait dans l’esprit des paysans apporter quelque chose d’une justice divine sur terre, hic et nunc. Müntzer tente de répondre à une question que Luther ne veut pas poser et qui serait celle-ci : à quoi servirait une réforme qui n’aurait aucune incidence sur la vie des gens, sur la société ? A quoi bon la liberté chrétienne si c’est pour mieux supporter l’absolutisme princier ?

Pour Müntzer, Dieu parle au cœur des hommes et il contestera pour cette raison le biblicisme de Luther c’est à dire son obsession de l’écriture comme si l’obsession, chez ce dernier, de la lettre en faisait perdre l’esprit. Müntzer voulait détacher ses contemporains de la crainte des hommes et donc des seigneurs et autres pouvoirs séculaires pour lui substituer la seule crainte de Dieu. Müntzer conteste toute volonté d’externaliser la relation de l’homme avec le divin que ce soit par la sola scriptum, c’est à dire l’Écriture seule de Luther comme unique source de la révélation divine ou par le clergé à qui il reprochait d’ « externaliser la foi » (H-J Goertz : oc p 278) et de perturber la relation directe avec Dieu. Si on l’exprime en termes contemporains, il voit le clergé comme une sorte de société de service employant des coaches plus ou moins automatisés et/ou automatisables. De tels automates existent d’ailleurs aujourd’hui.

Müntzer est né entre 1488 et 1489, ce n’est pas très bien établi, à Stollberg, petite ville minière (cuivre) dans le sud du Harz. Il est de cinq ans le cadet de Luther. Il y a toujours beaucoup d’incertitudes dans sa biographie. Après l’école latine, il est inscrit à l’université de Leipzig et celle de Francfort sur Oder. Il n’y a pas trace de ses diplômes mais il en avait forcément pour avoir été ordonné prêtre en 1514. Il vivra de différentes activités ecclésiastiques et de cours privés. Il sera, par exemple confesseur, d’un couvent de nonnes. En juin/juillet 1517, il est appelé à se prononcer sur les indulgences par le recteur de l’école Saint Michel à Braunschweig avant même que Luther ne publie ses thèses. La même année, et par intermittence jusqu’en 1519, on le voit à Wittenberg. Il assiste à la dispute de Leipzig entre Luther et le représentant du pape. Le réformateur le recommandera comme prêtre à Zwickau où il exerce de 1520 à 1521. On lui reproche de créer des troubles et il est obligé de quitter la ville, fait un séjour en Bohème, en partie à Prague même. Il disparaît puis réapparaît à Halle. Disparaît à nouveau. On le retrouve en 1523 officiant à Allstedt jusqu’en 1524. A Allstedt, il se marie, aura un enfant, mettra en pratique la réforme de la messe entièrement en allemand, ce qui a fait sensation. Les gens accouraient pour l’écouter, ce qui n’était pas du goût du comte de Mansfeld qui interdit à ces sujets de s’y rendre. Müntzer entre très vite en conflit ouvert avec lui. Ses idées théologiques commencent à prendre une dimension politique et sociale. C’est ainsi, l’atmosphère anticléricale ambiante aidant, que la subvention destiné aux moines de l’ordre des mendiants sert à alimenter la caisse des pauvres. Se créée une Alliance des bourgeois de la ville favorables à ses idées et menant des actions anticléricales dont celle consistant à mettre le feu à une chapelle appartenant à l’Abbaye de Nauendorf. Les autorités princières n’en demandaient pas tant mais la ville fait corps. La situation ne se calmera pas, au contraire. Un chevalier catholique se met à attaquer ses sujets qui se rendent à l’église réformée. La pression catholique s’accentue. A Allstedt affluent des réfugiés protestants. Les nobles demandent le retour de leurs serfs. La ville se met en armes et s’installent des structures théocratiques. Müntzer est convoqué à la Cour de Weimar. Ses sermons sont soumis à la censure et son imprimeur licencié, l’alliance dissoute. Abandonné par les bourgeois de la ville et craignant une arrestation, il prend la décision de fuir. Dans la nuit du 7 au 8 Août 1524. Le 15, il arrive à Mülhausen où officiait un ancien moine réformateur, Heinrich Pfeiffer. Ils en furent d’abord expulsés pour y revenir séparément mais en position consolidée après un passage à Nuremberg et, pour Müntzer, à Bâle et en Forêt Noire, très précisément plusieurs semaines à Griessen dans le Klettgau. Les habitants de Mülhausen déposent le conseil municipal et élise un conseil perpétuel. « Ce conseil n’était pas le résultat d’une ivresse apocalyptique comme on l’a souvent cru mais la conséquence politique logique des conflits sociaux qui se sont mélangées avec la problématique de la Réforme ». (Hans-Jürgen Goertz : Thomas Müntzer Revolutionär am Ende der Zeiten. CH Beck München 2005 p 194). On est bien loin de l’analogie que certains ont voulu faire avec la Commune de Paris. Il n’y avait d’ailleurs plus de temps pour cela. On entrait dans la phase finale de la Guerre des paysans mais non dans une bataille centrale. En Thüringe face aux armées de Philippe de Hesse, en Alsace face à celles  du duc de Lorraine.

« Le soulèvement de Thüringe n’avait certainement pas été l’œuvre d’un homme seul. Müntzer n’était pas le grand organisateur du soulèvement, comme certains le pensaient. Il n’y a pas eu non plus de Parti müntzerien, qui aurait planifié son accession à la direction du mouvement. Dans la phase finale cependant, Müntzer se mit à la tête du grand regroupement près de Frankenhausen et tenta avec de multiples écrits d’obtenir du soutien de la part des ville environnantes proches et lointaines : Schmalkalde, Sonderhausen, Eisenach, Erfurt ; à l’inverse d’autres communes s’adressaient à lui pour obtenir aide et conseil. Il ne peut y avoir de doute sur le fait que Müntzer précisément dans les derniers jours à Frankenhausen a pris un part importante à la décision. Il était prédicateur et stratège. » (Hans-Jürgen Goertz : o.c. p209)

Le 11 mai 1525, Müntzer se rend à Frankenhausen avec une armée de 300 hommes, habitants de Mülhausen. Le lendemain, aura lieu la bataille finale en Thüringe. Elle fera entre 5 et 6000 morts auxquels viendront s’ajouter, cinq jours plus tard, à Zabern / Saverne, en Alsace, entre 15 et 18000 morts. Georges Bischoff dans son livre La Guerre des Paysans parle de crime de masse…l’un des plus lourds de l’histoire de l’Europe avant l’époque contemporaine. Il a touché entre 10 et 15% de la population alsacienne, et cela dans l’indifférence quasi générale des générations qui ont suivi jusqu’à aujourd’hui. Comme cette partie de l’histoire de l’Alsace ne fait pas, paraît-il, partie l’histoire de France, on s’interdit d’en parler à l’école.

Interrogé après avoir été fait prisonnier, et non dans un de ses sermons, Thomas Müntzer résumera l’essence du projet collectif d’une formule latine :

Omnia sunt communia
(Tout est commun à tous ou tout appartient à tous).

Thomas Müntzer aura la tête tranchée à l’épée, le 27 mai 1525. Elle sera exposée avec celle de Heinrich Pfeiffer sur une pique en guise d’avertissement.

Pour répondre pleinement, il faudrait bien entendu décrire plus précisément la guerre des paysans elle-même, mais je ne vais pas le faire ici. Deux indications bibliographiques : le livre sur lequel s’appuie Friedrich Engels pour son interprétation : der Grosse deutsche Bauernkrieg de Wilhelm Zimmermann, non traduit en français et, pour l’Alsace, de Georges Bischoff : La Guerre des Paysans / L’Alsace et la révolution du Bundschuh 1493-1525 (Ed La Nuée Bleue)

Je reviens pour conclure au texte cité :

« Des retrouvailles populaires, écrit encore Gérard Mordillat, qui du XVIe siècle à nos jours, dans l’histoire, la littérature, le cinéma, des révoltes aux révolutions sont au cœur même de ce que nous sommes. Toutes choses sont communes, il faut le dire et le répéter ; en faire l’horizon de nos luttes ».

Retrouvailles qui font abstraction de ce qui différencie les époques ? Il est cependant amusant de constater qu’une histoire à laquelle on s’était en France peu intéressé, cela vaut peu ou prou aussi pour la révolution de novembre 1918, ferait « signe » aujourd’hui. Des retrouvailles populaires avec les pays germaniques avec lesquels nous avons des choses communes  ? Comme il est question ici de la Guerre des paysans en Allemagne et donc en Alsace germanique et en Suisse, que l’historien suisse Peter Blickle a appelé la révolution de l’homme du commun, est-ce à dire que ce commun peut être transfrontalier ? Chiche ! Mais ça risque de faire grincer des dents. Le tout pacifiquement, bien entendu ! Il faut peut-être le rappeler aussi.

Confraternellement au Fil des communs

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2 réponses à Non, Thomas Müntzer n’a pas dirigé la guerre des paysans

  1. Woland dit :

    Bonjour

    Merci de cet éclairage et de ces précisions. Avant de lire le bouquin de Vuillard, je ne connaissais vaguement Muntzer que par les évocations lues au gré de lectures d’historiens, tels Henri Pirenne. Je me permets de rappeler que Vuillard ne se prétend pas historien, c’est un écrivain, et il s’essaie à la précision historique, celle que l’on sait particulièrement difficile, vous venez de le prouver! Pour autant, j’ai apprécié ce texte court dans lequel je n’ai pas cru lire que Muntzer était le dirigeant de cette guerre des paysans. J’y ai lu l’évocation d’une lutte sociale du passé, oubliée et intéressante par ses analogies possibles avec le présent. Vuillard a précédemment écrit « 14 juillet », tout aussi intéressant. Il a publié son texte sur Muntzer en un temps ou peu d’intellectuels en France ont pris position. Il a, me semble t’il, pris la sienne, et j’ai apprécié cette prise de position qui rejoint la mienne, et celle de millions de français.
    Lordon non plus, n’est pas un historien, et dans le texte que vous citez, il ne fait qu’évoquer le livre de Vuillard, et parle d’une révolte « emmenée » par Muntzer.
    Vous corrigez tout cela comme historien, et cela est bénéfique a la vérité historique, mais pour Vuillard, et pour Lordon qui le cite, il s’agissait d’autre chose.

    Cordialement

  2. abel dit :

    Merci pour cet article qui saisit l’essentiel de la question. Le problème en France, c’est le désintérêt (très) regrettable pour l’histoire allemande. La Guerre des Paysans notamment est très mal connue en France, parce que qu’aucun historien ne s’est attaché à traduire l’excellent Peter Blickle, qui a renouvelé les recherches sur le sujet. Résultat, l’historien lambda de l’hexagone, qui s’intéresse au sujet, et les écrivains friands d’épopées sont obligés de se contenter de textes surannés et pour la plupart truffés d’erreurs d’analyse.

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