Beethoven et Goethe sont dans un tableau

 

Goethe et Beethoven saluant la famille impériale à Teplitz en 1812

Comme il traite d’un sujet qui concerne la culture des pays de langue allemande, j’en profite pour vous présenter un site que j’aime beaucoup, celui d’un vrai amateur de musique (amateur =  qui aime – et fait aimer), Jean-Marc Onkelinx, musicologue, conseiller en musique classique à la Fnac de Liège (Belgique), professeur d’histoire de la musique et son blog En avant la musique ! Il vient de consacrer deux articles à deux géants qui se croisent en deux époques : Beethoven et Goethe. Il commente ainsi l’image très parlante que l’on voit ci-dessus.

On y voit à gauche Goethe qui, ayant retiré son couvre-chef, s’incline sur le bord du chemin pour saluer le passage de la famille impériale, … comme il se doit quand on respecte l’ordre établi. À l’avant-plan, Beethoven n’en fit rien. Après avoir enfoncé son chapeau sur la tête et pris un air renfrogné, il continua son chemin tête haute considérant que la famille impériale devait d’abord saluer les artistes… pas l’inverse ! Changement de mentalité, rébellion contre l’autorité, n’oublions pas que Beethoven voulait vivre indépendant des autorités, était un grand partisan de la démocratie, considérait l’artiste comme un véritable héros prométhéen donnant le feu (la connaissance) aux hommes et, qu’en conséquence, tous lui devaient le respect ». C’est de ce grief-là qu’il s’agit lorsqu’il évoque à propos de Goethe « l’air de cour».
Tout cela témoigne de l’esprit de deux époques, de deux générations et de deux mondes qui se croisent. Les arguments de Goethe, dans ses œuvres, répondaient exactement à la pensée héroïque de Beethoven, mais l’homme était de l’autre siècle. Il s’agissait pourtant, pour le compositeur, de s’inspirer de ces héros, de les faire siens, de les transcender de la même manière que ceux de l’Antiquité. Et en cela, Goethe méritait encore une admiration sans borne !

L’intégralité se trouve ici.

Le conformisme du citoyen Goethe n’est pas celui de l’écrivain Goethe. Son écriture est celle du passage à la modernité.
J’ai un temps considéré Goethe comme un grand bourgeois ennuyeux. Il faut dire nous n’étions pas aidé par l’enseignement de l’allemand particulièrement ennuyeux lui aussi que nous recevions même si, au moins – et contrairement à aujourd’hui, on y lisait des œuvres d’écrivains. J’ai ainsi passé une année entière, en seconde, à traduire intégralement Egmont et j’en ai gardé un piètre souvenir, traduire ne signifiant pas ici comprendre quoi que ce soit.
L’œuvre analysée par Jean-Marc Onkelinx est précisément l’Ouverture d’Egmont de Beethoven inspirée par la pièce de Goethe.
Je me suis rattrapé depuis. Je n’ai pas relu Egmont. Par contre Faust, oui, notamment à la faveur des nouvelles lectures qu’on en fait en Allemagne aujourd’hui, comme j’ai essayé de le montrer. Ses anticipations sur le devenir du capitalisme valent que l’on s’y arrête. Faust, le deuxième surtout, témoigne d’une incroyable liberté d’écriture faisant fi des conventions dramaturgiques, certains passages sont proprement cinématographiques. Il a inspiré aussi bien des compositeurs.

Voici le lien pour lire et écouter l’Ouverture d’Egmont.

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