L’enfant obstiné, un conte des frères Grimm

117. Das eigensinnige Kind

Es war einmal ein Kind eigensinnig und that nicht, was seine Mutter haben wollte. Darum hatte der liebe Gott kein Wohlgefallen an ihm und ließ es krank werden und kein Arzt konnte ihm helfen, und in kurzem lag es auf dem Totenbettchen. Als es nun ins Grab versenkt und die Erde darüber hingedeckt war, so kam auf einmal sein Ärmchen wieder hervor und reicht in die Höhe, und wenn sie es hineinlegten und frische Erde darüber thaten, so half das nicht, und das Ärmchen kam immer wieder heraus. Da mußte die Mutter selbst zum Grabe gehen und mit der Rute auf’s Ärmchen schlagen, und wie sie das gethan hatte, zog es sich hinein, und das Kind hatte nun erst Ruhe unter der Erde.
Brüder Grimm: Kinder- und Hausmärchen – Kapitel 120

 

L’enfant obstiné
Il était une fois un enfant obstiné qui ne faisait pas ce que sa mère voulait. C’est la raison pour laquelle le bon dieu n’était pas satisfait de lui et le rendit malade tant qu’aucun médecin ne put l’aider et que bientôt il se retrouva sur un petit lit de mort. Ensuite, alors qu’il avait été descendu dans la tombe et recouvert de terre, tout d’un coup son petit bras sortit de terre et s’éleva dans l’air, et quand son petit bras fut remis dans la tombe et recouvert à nouveau de terre cela ne servit à rien, son petit bras ressortait. Alors la mère dut se rendre elle-même à la tombe pour frapper le petit bras avec une férule et quand elle l’eut fait le petit bras se retira dans la tombe et l’enfant trouva enfin le repos sous terre.
Les frères Grimm : Contes pour les enfants et la maison
Traduction Bernard Umbrecht
Dans son texte sur Heiner Müller, Kristin Schulz parle d’un conte de Grimm qui m’était totalement inconnu. Elle écrit :
« L’enfant mort du conte de Grimm, dont le bras main s’élève hors de la tombe, ne le se retire qu’après que la mère dans un dernier geste de punition l’ait frappé avec une férule. Contre ce traitement manuel du refoulement se dresse la conception de Müller du souvenir comme dialogue, la mémoire devient la reconnaissance du fond dont les morts veulent sortir et les textes acquièrent la fonction de pierres tombales ».
Elle évoquait aussi
« ce geste de punition jusque dans la mort équivaut au rituel d’enterrement consistant à jeter de la terre sur le cercueil, selon Müller un rituel barbare visant à maintenir les morts sous terre pour conjurer le scandale de la résurrection qui signifierait la fin de notre monde. (Müller Werke 2 page 177)
D’où l’idée d’aller rechercher ce conte qui s’avère largement méconnu. Il fait partie des contes cruels au même titre que le conte du genevrier. Je l’ai traduit en lui donnant comme titre l’enfant obstiné que je préfère à celui d’entêté et en rendant au mot Rute son sens de férule qui évoque mieux la punition que baguette comme j’ai pu le lire et que confirme cette illustration de Nikolaus Heidelbach :
Dessin de Nikolaus Heidelbach pour l'illustration de ce conte in  "Märchen der Brüder Grimm - Bilder von Nikolaus Heidelbach". Verlag Beltz & Gelberg, Weinheim

Dessin de Nikolaus Heidelbach pour l’illustration de ce conte in « Märchen der Brüder Grimm – Bilder von Nikolaus Heidelbach ». Verlag Beltz & Gelberg, Weinheim

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2 réponses à L’enfant obstiné, un conte des frères Grimm

  1. de Boisset dit :

    Bonjour,
    Ce conte existe dans la tradition française. Victor Smith en a collecté une version au XIX° siècle. On le retrouve dans « Nannette Lévesque, conteuse et chanteuse du pays des sources de la Loire » page 470 : http://www.bmvr.marseille.fr/in/faces/details.xhtml?id=p::usmarcdef_0000476666
    Bonne lecture.

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