Joseph Beuys : transmettre la flamme de la « sculpture sociale »

Avec cet article, je veux poser le premier jalon d’un travail qui aura des suites sur l’artiste performeur, dessinateur et sculpteur Joseph Beuys. En Allemagne, de nombreuse initiatives fêtent cette année, las dans un contexte de fermeture des musées, le centenaire de sa naissance, le 12 mai 1921, à Krefeld. J’ai déjà évoqué Beuys avec une vidéo dans laquelle il disait en substance que tout travail humain doit fondamentalement tendre à oeuvrer. Avec ce que l’on découvrira ci-dessous, je propose d’aller à la source de l’idée de «  soziale Plastik », de « sculpture sociale », qui selon le récit construit par Beuys prend naissance dans le contexte de deux années zéro, deux après, ceux de la Première et la Seconde guerre mondiale, dans la découverte de l’œuvre de Wilhelm Lehmbruck et dans L’appel au peuple allemand et aux peuples civilisés initié par Rudolf Steiner au lendemain de l’effondrement de l’Empire allemand et de l’échec de la Révolution de 1918.

Le discours que l’on pourra entendre, en allemand, et lire en traduction française, est le dernier tenu par Joseph Beuys peu avant sa mort. Il n’en existe pas de version écrite, juste quelques notes manuscrites.

J’en ai repris la transcription dans un petit livre-dossier consacré à cet hommage de Beuys à son maître en sculpture, Wilhelm Lehmbruck. La forme tente d’en conserver le caractère oral.

La couverture reprend un dessin au pinceau de J. Beuys intitulé « flamme dans un coin » que l’on pourrait aussi bien voir comme une flamme dans le désert.

Les interventions de Beuys doivent me semble-t-il se lire comme des formes de sculptures de soi qui rendent vaine toute tentative de l’assimiler à une biographie .

« Je voudrais remercier mon maître
Wilhelm Lehmbruck

Pourquoi un homme a-t-il pu,
alors que je n’avais eu entre les mains qu’un tout petit fragment de son œuvre
– et encore cela uniquement sous le forme d’une photographie –
comment a-t-il pu générer en moi la décision définitive
de me lancer dans les arts plastiques, dans la sculpture ?
Pourquoi, pourquoi, un homme décédé a-t-il pu m’apprendre, consolider quelque chose d’aussi déterminant, crucial pour ma vie ?
Alors que moi-même, dans ma recherche d’une orientation,
j’avais déjà choisi une autre voie
car je me trouvais déjà engagé dans un cursus en sciences naturelles.

J’ai eu tout à fait par hasard entre les mains ce petit livre
qui était posé sur une table parmi d’autres opuscules plutôt déchirés ;
je l’ai feuilleté et vu une sculpture de Wilhelm Lehmbruck.
Et aussitôt l’idée m’est venue, une intuition : la sculpture –
quelque chose peut être fait avec la sculpture !
Tout est sculpture !
Je fus interpellé par cette image.
Et dans cette image, j’ai vu un flambeau. J’ai vu une flamme
et j’ai entendu : « Protèges la flamme ! »
Cette expérience,
qui m’a accompagnée tout au long de la guerre,
a conduit après la guerre
à que je me sois confronté à la sculpture, à la plastique.

Donc, j’ai –
je ne savais même pas ce que cela voulait dire –
j’ai commencé des études dans les Beaux Arts.
Je me suis renseigné autour de moi : comment fait-on cela ?
Parce qu’il faut savoir : –
et cela fait également partie du contexte de cette expérience fondamentale –
je suis né sur dans la région du Rhin inférieur,
dans laquelle, à l’époque du Troisième Reich, on était quotidiennement
entouré d’une forêt de sculptures,
de cette sorte de sculptures qui avait été fabriquée à l’époque
et qui n’éveillait rien du tout en moi.

Puis, lorsque j’eus pris la décision, plus tard,
de me confronter avec les choses plus intensément,
pendant mes études,
je me suis demandé:
y aurait-il eu un autre sculpteur
n’importe quel autre sculpteur –
Hans Arp ou Picasso ou Giacometti ou
un Rodin –
cela n’eut-il été qu’une photographie de Rodin –
qui, si elle était tombée entre mes mains à ce moment-là,
eut pu produire en moi une telle décision ?
Je dois, aujourd’hui encore, répondre : Non
Parce que l’extraordinaire dans l’œuvre de Wilhelm Lehmbruck
touche à une situation seuil du concept plastique.
Il pousse la tradition
de l’expérience de spatialisation du corps humain,
à un point culminant,
qui surpasse un Rodin.
C’est-à-dire que chez lui la plastique
n’est plus seulement le purement spatial.
Elle va au-delà de la spatialisation.
Elle est l’organisme du « mesure contre mesure »
comme Lehmbruck disait toujours, – et à qui la phrase,
la sculpture est tout
la plastique est la loi du monde,
n’était pas étrangère – .
Il pouvait rendre cela par l’expression mesure contre mesure
comme une tradition de la sculpture de Rodin à son époque
poussée à un point culminant,
qui veut exprimer quelque chose d’intérieur.

Autrement dit, ses sculptures
ne peuvent pas être saisies visuellement. On ne peut que les appréhender
avec une intuition
qui ouvre votre portail intuitif à des organes sensoriels complètement différents,
et surtout c’est l’audition – l’écoute,
le méditatif,
le vouloir,
c’est-à-dire qu’il y a, dans sa sculpture, des catégories qui n’avaient jamais été là auparavant.

Donc, nous voici face à cette expérience. Je n’ai moi-même pu me décider
de m’engager dans la voie plastique qu’à cause de Wilhelm Lehmbruck.

Comme je l’ai déjà suggéré,
Wilhelm Lehmbruck a vécu à un tournant tragique,
à un tournant tragique où il a posé un point culminant,
qui apparemment, à cette hauteur,
selon ce type de « mesure contre mesure » dans l’espace,
semblait indépassable.
Peut être.
Je laisse la question en suspens.

J’ai remarqué aussi, quand j’ai vu ce petit livret,
son époque,
sa double jeunesse,
car il a vécu 19 ans au cours du siècle passé
et 19 ans au cours de ce siècle.
J’ai vu tout cela comme un concentré
comme une double image d’un adolescent
ou d’une adolescente
ou d’un jeune homme et d’une jeune femme.

Pendant mes études
alors que je cheminais déjà vers
ce qui poussait plus loin tout en
se connectant à ce qui faisait écoute dans les sculptures de Lehmbruck
à ce qui faisait pensée,
au sens qui les habite
un cheminement qui me conduisit
vers une toute nouvelle théorie
du futur de la sculpture – une forme plastique
qui ne saisisse pas seulement le matériau physique mais aussi le matériau spirituel
Je fus littéralement entraîné par l’idée de sculpture sociale

Je considère cela également comme un message de Wilhelm Lehmbruck.
Parce qu’un jour, j’ai trouvé dans une bibliothèque poussiéreuse,
l’appel très souvent refoulé de Rudolf Steiner,
l’Appel au peuple allemand et aux peuples civilisés.
De 1919.
Une tentative y avait été faite de refonder sur de toutes nouvelles bases
l’organisme social.

Après les expériences de la guerre,
dont Lehmbruck avait tant souffert,
un homme se lève et voit les raisons de cette guerre
dans l’impuissance de la vie spirituelle.
J’ai vu dans ce livret
cet appel,
qui devrait constituer une organisation, pour créer efficacement
un nouvel organisme social.
J’ai vu parmi premiers membres du comité
le nom de Wilhelm Lehmbruck.
C’était la première édition d’un tel appel,
des réimpressions ont été faites plus tard,
mais les noms de ses fondateurs sont toujours manquants.

La dimension tragique de cette histoire tient au fait
que parmi le petit nombre de personnes
qui s’étaient agrégées pour créer ce comité,
ces comités en Allemagne, en Autriche, en Suisse,
j’ai vu une croix derrière le nom de Wilhelm Lehmbruck.
Cela veut dire qu’il avait forgé cette volonté,
voulu transmettre cette flamme
aux derniers instants de sa vie,
lors du passage par la porte de la mort
de sa propre sculpture.
Puisque vous savez
comment cela se passe pour de tels appels :
on rassemble des noms pour le futur comité
et l’on essaye le plus vite possible
de mettre cela en circulation.
Il y a dû y avoir un court laps de temps
entre la collecte de la signature
et l’impression du texte,
temps de la survenue de sa mort.
Second symbole.

J’ai trouvé qu’il y avait là une correspondance.
J’ai trouvé là la transmission d’une flamme
dans un mouvement encore nécessaire aujourd’hui
dont beaucoup de gens devraient se saisir
comme idée de base pour le renouvellement d’un tout social,
qui mène à la «sculpture sociale».

Je veux rassembler ces éléments ainsi :
je veux dire qu’après les principes que Wilhelm Lehmbruck
a poussé au plus haut sommet
du développement de la plastique à l’époque moderne,
vient une époque où le concept de temps et de chaleur élargit le concept d’espace.
Cette transmission du principe plastique
à une impulsion,
qui saisisse le caractère de chaleur, et de temps
comme principe plastique pour tout le reste
pour transformer le tout social –
c’est à dire nous tous –
nous pouvons dire que Lehmbruck nous en a transmis la flamme.

Je l’ai vue,
mais j’ai vu aussi
qu’elle est retournée à tout le monde
parce que dans la liste de personnes signataires de cet appel
on trouve des mineurs, des maîtres charpentiers, des infirmières,
également des professeurs d’université,
occasionnellement un artiste,
et l’on ressent cette liste comme l’expression de l’humanité tout court
à qui cette flamme a été transmise par lui.

Voilà en fait
ce que j’ai à dire
sur un aspect et sur l’autre.
Je veux dire qu’avec l’un comme avec l’autre
je pense à la poursuite du développement du principe plastique
comme principe du temps.
En d’autres termes, la sculpture est un concept pour l’avenir,
et malheur à ces conceptions qui ne s’approprient pas ce concept.

Hier, j’ai lu dans la « Frankfurter » le compte rendu d’un symposium
d’une société scientifique
dans laquelle les sociologues, de manière très frivole,
ont jeté dans un pot commun les concepts théoriques de la sociologie ou de l’épistémologique
qui sont ceux de Rudolf Steiner, [Ludwig] Klages, Jürgen Habermas et ainsi de suite et bien d’autres noms.
Où tout est regroupé, pour ainsi dire, et
où le concept de catastrophe tient lieu de verdict
sur ces, disons, conceptions plastiques

Je veux me tenir du côté sur lequel Wilhelm Lehmbruck
a vécu et est mort
et où il a transmis à chaque individu ce message :

« Protège la flamme.
Parce que si l’on ne protège pas la flamme,
bien plus vite que tu ne crois,
le vent éteindra facilement la lumière,
qu’elle fait rayonner.
Et brisera ton pauvre cœur
dans une silencieuse douleur ».

Je ne voudrais pas ôter à Wilhelm Lehmbruck sa dimension tragique ».

Joseph Beuys : Mein Dank an Wilhelm Lehmbruck. Edition citée.
Traduction Bernard Umbrecht

Ce que l’on pourrait appeler une sculpture oratoire a été réalisée par Joseph Beuys, le 12 janvier 1986 soit onze jours avant sa mort. Il recevait, au Musée Lehmbruck, le prix Lehmbruck décerné par la ville de Duisburg. Son discours de remerciement met en relation trois objets, trois documents : un livret – un petit catalogue d’exposition -, un manifeste et une partition. Il y décrit sa bifurcation des sciences naturelles aux arts plastiques après la découverte – en 1938 – de la reproduction d’une sculpture de Wilhelm Lehmbruck. L’œuvre du sculpteur y est considérée comme marquant un tournant dans la modernité en ce qu’elle va au-delà du visuel. Elle éveille et fait appel à d’autres sens. Il s’ensuit l’idée que tout est sculpture, la sculpture est tout, elle est la loi du monde Elle est sculpture d’un monde, y compris dans sa dimension cosmique, tel qu’il s’oppose à l’immonde de la consommation. Il introduit la question du temps. La dimension sociale, telle qu’elle est renvoyée « à tout le monde », Beuys l’inscrit dans la liste des signataires du manifeste initié par Rudolf Steiner après la catastrophe de la Première guerre mondiale et la destruction du faire corps social nécessitant sa reconstruction. Cette liste englobe mineurs, artisans, professionnels de santé. Il n’est pas indifférant de remarquer qu’il souligne la dimension tragique du destin de W. Lembruck et le contexte des effondrements des deux guerres mondiales, la première pour W. Lehmbruck et la seconde pour Beuys lui-même. L’artiste performeur allemand termine son discours par le texte d’un poème du librettiste italien Pietro Antonio Metastasio qui invite à protéger la flamme qui est pour Beuys celle de la « sculpture sociale », et à la transmettre.

Quelques précisions sur Wilhelm Lehmbruck, l’Appel de Steiner et Metastasio.

Wilhelm Lehmbruck (1881 – 1919)

Wilhelm Lehmbruck en 1918

Fils de mineur, le sculpteur et graveur Wilhelm Lehmbruck est né le 4 janvier 1881 à Meiderich près de Duisburg. De 1910 au début de le Première guerre mondiale, il vit à Monparnasse et y rencontre Rodin, Maillol, Brancusi, Matisse, Modigliani… . Il est l’auteur d’une œuvre qui s’étend sur seulement huit années et qui suit, comme l’écrit Geneviève Breerette, « une trajectoire qui va d’un idéal plastique plutôt méditerranéen, d’une sérénité un peu triste, à l’expression décantée d’une humanité déchirée, et s’achève avec la guerre, avec la fin de tous les rêves d’une internationale de l’art, et le suicide de l’artiste qui n’avait pas quarante ans ». Exempté de service actif en raison de sa surdité, il sera quelque temps à Strasbourg comme « peintre de guerre ». Il s’est donné la mort le 25 mars 1919 à Berlin. Son œuvre relèvera pour les nazis de la catégorie « art dégénéré ».

Wilhelm Lehmbruck : Der Gestürzte / L’efffondré (1915-16) en opposition radicale avec « l’idéal » du corps militarisé.

Wilhelm Lembruck : Kopf eines Denkenden /Tête d’un penseur 1918. Photo-Dejan-Saric

Je suis impressionné par la découverte de cette sculpture, certes pour moi aussi sous la forme d’une image qui est loin d’en traduire toutes les dimensions. Elle est en rupture avec le caractère massif du « penseur » de Rodin. On notera sur le buste de Lehmbruck, la présence de la main et de deux doigts de cette main, le pouce et l’index, organes de la saisie, en relation avec la tête qui surmonte un long cou. Elle nous dit quelque chose de l’origine de la pensée, sur le lien entre la main et la tête, sur ce que le latin nommait ars et le grec technè. En cela, elle contient une idée de temps. Elle permet aussi d‘approcher ce que W. Lehbruck entendait pas l’expression « Mesure contre mesure » dont parle J. Beuys, ici, celle de la main, des moignons, du cou et de la tête.

„Ein jedes Kunstwerk muß etwas von der ersten Schöpfungstagen haben, von Erdgeruch, man könnte sagen : etwas Animalisches. Alle Kunst ist Maß. Maß gegen Maß, das ist alles. Die Maße, oder bei Figuren die Proportionen, bestimmen den Eindruck, bestimmen die Wirkung, bestimmen den körperlichen Ausdruck, bestimmen die Linie, die Silhouette und alles. Daher muß eine gute Skulptur wie eine gute Komposition gehandhabt werden, wie ein Gebäude, wo Maß gegen Maß spricht, daher kann man auch nicht das Detail negieren, sondern das Détail ist das kleien Maß für das große“

(Wilhelm Lehmbruck : Aus dem Schriftlichen Nachlass. Opus cité p.53)

« Chaque œuvre d’art doit avoir quelque chose des premiers jours de la création, de l’odeur de la terre, on pourrait dire : quelque chose d’animal. Tout art est mesure. Mesure contre mesure, c’est tout. Les dimensions, ou dans le cas des figures, les proportions, déterminent l’impression, déterminent l’effet, déterminent l’expression corporelle, déterminent la ligne, la silhouette et tout. Par conséquent, une bonne sculpture doit être traitée comme une bonne composition, comme un bâtiment, où parle la mesure contre la mesure, vous ne pouvez donc pas nier le détail, car le détail est la petite mesure pour la grande »

(Traduction Bernard Umbrecht)

L’appel initié par Rudolf Steiner

L’appel de Rudolf Steiner co-signé par Wilhelm Lehmbruck invite chacun  à l’introspection devant les ruines de la Première guerre mondiale. Qu’elle a été l’erreur commise qui a conduit à cette issue tragique ? S’il se pose cette question, il lui apparaîtra que la constitution du Reich par l’industrialisation, le développement des forces matérielles a laissé de côté la définition de grandes finalités. Et a contribué à l’affaissement de la valeur esprit parallèlement à l’accroissement des valeurs marchandes. On peut extraire de l’appel le passage suivant :

« Il faudrait maintenant en lieu et place de la petite pensée sur les toutes prochaines exigences du présent de grands traits d’une grande conception de la vie qui visent à reconnaître avec de fortes pensées les forces de développement de la nouvelle humanité et à y consacrer une courageuse volonté ».

Il est daté du 2 février 1919, peu de temps après l’écrasement de la Révolution de Novembre 1918. Le 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht étaient sauvagement assassinés par les troupes contre-révolutionnaires du gouvernement social-démocrate allemand.

Cet appel n’est pas sans évoquer ce que Paul Valéry appelait la baisse de la valeur esprit tel qu’analysé par Bernard Stiegler dans le SauteRhin. Question toujours d’actualité. Beuys en relève parmi les signataires la composition sociale élargie alors que dans ces année-là circulaient plutôt des appels d’ « intellectuels » tel celui initié par Romain Rolland.

« Protège la flamme »

Le poème cité par Beuys appelant à protéger la flamme est un texte du librettiste italien Pietro Antonio Metastasio. Dans les archives de l’artiste, se trouvait la partition de Nichola Vaccai qui met en musique le poème avec quatre langues très différentes qui dans la partition ne se traduisent pas. C’est une méthode pratique d’apprentissage du chant, encore utilisée aujourd’hui. Je n’ai bien sûr pas repris le texte français de la méthode mais transposé la version allemande utilisée par Beuys.

Je m’en suis tenu dans ce premier temps à ces dernières paroles publiques qui remontent au point de départ du « tout est sculpture » et à la « sculpture sociale » dont il faudra encore préciser le sens. Joseph Beuys y appelle à en transmettre la flamme qu’il dit avoir lui-même reçue de Wilhelm Lehmbruck.

Je reviendrai plus tard sur ceux qui l’ont reprise après lui, notamment Bernard Stiegler et le groupe Internation.

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