Lectures franco-allemandes sur 14-18 / Sommaire et suites

© Pierre Buraglio "Rosa et Karl" 2011 - sérigraphie montée sur châssis et rehaussée - 46 x 38 cm - Courtesy l'artiste / Galerie Catherine Putman (Paris)

© Pierre Buraglio « Rosa et Karl » 2011 – sérigraphie montée sur châssis et rehaussée – 46 x 38 cm – Courtesy l’artiste / Galerie Catherine Putman (Paris)

En janvier de cette année, j’avais soumis à ceux qui sont sur la liste de diffusion du SauteRhin, l’idée de demander à chacune et à chacun d’entre eux de me fournir un texte de recommandation de lecture sur la 1ère guerre mondiale. Nous n’étions pas tenus par les politiques commerciales des éditeurs et les livres recommandés ne devaient pas nécessairement figurer dans les actualités éditoriales, ni même forcément être disponibles, ce qui a effectivement été le cas par deux fois.
Ce qui comptait était l’importance que le livre revêtait pour chacun d’entre eux. Il arrive que l’on dise adieu à un livre qui vous a longtemps occupé.
L’idée était celle d’une initiative citoyenne franco-allemande, non suscitée par une quelconque institution, sans label à cocarde tricolore, entre amis de part et d’autre du Rhin. Les lectures ont été franco-allemandes par les auteurs des contributions, elles ne se sont pas limitées aux littératures française et allemandes.
Symboliquement, les textes allemands ont été mis en ligne en allemand suivis d’une traduction. Ils ont alterné avec des contributions en langue française.
Je remercie encore une fois Pierre Buraglio pour m’avoir autorisé à utiliser sa sérigraphie « Rosa et Karl ».
Je remercie tous les contributeurs en rappelant dans ce sommaire le titre et l’objet de leur contribution :

Sommaire

1. Carl Zuckmayer : Als wär’s ein Stück von mir par Peter Brunner sur le chapitre de l’autobiographie de Zuckmayer qui, en 1914, avait à peine 18 ans et passa « 1213 journées au front »
2. Dominique (Dominik) Richert : Cahiers d’un survivant par Daniel Muringer. Ils offrent, en marge de l’aventure individuelle d’un soldat, le regard forcément original que la population alsacienne a pu porter sur le conflit
3. Erich Maria Remarque : Im Westen nichts Neues par Catharina Lovreglio  L’un des plus importants livres anti-guerre de la littérature mondiale.
4. Marcel Proust : Le temps retrouvé par Bernard Bloch. Proust, on ne s’attendait peut être pas à trouver là mais la Première guerre mondiale est présente comme réalité ou comme menace dans tous les chapitres de À la recherche du temps perdu.
5. Ernest Hemingway : Fiesta par Jamal Tuschick qui a relu une ultime fois Le soleil se lève aussi L’enthousiasme juvénile s’est envolé et avec lui la magie de Fiesta.
6. Arnold Zweig : Erziehung vor Verdun lu en allemand mais décrit en français par Pierre Foucher (l’édition française est épuisée). Le plaisir de sa lecture tient à l’intérêt documentaire, celui des nombreuses notations d’ordre politique, sociologique, psychologique et métaphysique qu’il contient, et au  talent de conteur de l’auteur
7. Ernst Jünger : In Stahlgwittern par Kristin Schulz qui relit d’un œil critique et sévère et les Orages d’acier de Jünger et son mémoire de maîtrise consacré au roman sous l’œil ironique de Heiner Müller.
8. Paul Valéry : Regards sur le monde actuel et La crise de l’esprit par Bernard Stiegler qui développe le point de vue que l’on peut tirer pour aujourd’hui des réflexions de Paul Valéry en 1919 et en 1939.
9. Ernst Glaeser : Jahrgang 1902  par Thomas Lange Cette génération des « jeunes de la guerre » nés entre 1900 et 1910 préfigure les modèles de comportement de la « génération de l’absolu »
10. Soazig Aaron : La sentinelle tranquille sous la lune par Diane Buchmann. Il est question du retour de la guerre de l’oncle Jean. Il rentre en 1919 ; rentrer implique de s’être remis, ou tout au moins d’être présentable, implique aussi de faire à ses proches le récit des évènements.
11. Bertolt Brecht : Die Legende vom toten Soldaten par Bernard Umbrecht (En s’appuyant sur des éléments très concrets et sur un dicton populaire, Brecht se livre dans La légende du soldat mort à une satire non seulement du jusqu’au boutisme guerrier mais également de la religion qui l’accompagne.
12. Jacques Tardi et Jean-Pierre Verney : Putain de Guerre par David Bres  Cette BD raconte année après année, la vie qu’ont connu les soldats du front, grâce au monologue d’un simple tourneur fraiseur devenu chair à canon pour la Der des Ders.
13. Ron Rash : Une terre d’ombre par Frédéric Versolato. A la différence des précédentes œuvres de « nature wrinting », Une terre d’ombre contient une intrigue historique et amoureuse qui se déroule pendant la guerre de 14-18.
14. Jaroslav Hašek : Le brave soldat Chvéïk par Bernard Umbrecht  C’est en se faisant plus royaliste que le roi et en poussant dans toutes ses conséquences l’absurde logique de la guerre que le brave soldat tchèque oppose aux pouvoirs sa force d’inertie, son refus de marcher dans la combine tout en étant dedans. Un brave soldat tchèque qui ne fait pas l’unanimité.
15. Clap de fin avec La déclaration pour l’indépendance de l’esprit initiée par Romain Rolland. Les désastres de la guerre ont aussi pour origine « l’abdication presque totale de l’intelligence du monde et son asservissement volontaire aux forces déchaînées »

#Lectures franco-allemandes sur 14-18 deviendra #lectures sur 14-18

Le SauteRhin continuera sur cette lancée en mettant conformément à sa vocation à nouveau l’accent sur la culture des pays de langue allemande mais pas seulement concernant ce sujet. #Lectures franco-allemandes sur 14-18 deviendra #lectures sur 14-18. Nous resterons dans les relations complexes entre la littérature et la guerre non sans nous interroger sur la bêtise de la littérature elle-même et sur la question du roman. La littérature sort-elle indemne de ce conflit ou le roman n’est-il qu’un faux semblant ? Comment oublier Dada et le surréalisme et Antonin Artaud ? Et ce qu’il en est de la langue elle-même ? Avec la guerre de 14-18, la violence de la guerre civile européenne est sur les rails.
Et que faisait Kafka pendant ce temps ?
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