Nathan Katz : Jetz fangt das scheene Friehjohr a
Voici que commence le beau printemps

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Jetz fangt das scheene Friehjohr a

Jetz fangt das scheene Friehjohr a,
un alles fangt jetz z’bliehje a,

Es bliehjt e Maiele üf em Fald
un d’Chranket isch scho in dr Walt

Un d’Chranket isch e härti Büess,
un i weiss scho ass i starbe müess,

Stirb i hit, so bin i morn scho tot,
Derno läge si mi üf Resla rot.

Üf Resle rot im griene Chlee,
jetz sehn i mi liebe Schatz nimmi meh

Es chämme vier Männer un trage mi üsse;
Se trage mi üf dr Chilchhof üsse.

Es bliehje dräi Resla üf mim Grab,
Schatz, o Schatz, chumm brich dr si ab.

‘s erschte isch wiss, ’s zweite isch rot,
’s dritte bedittet dr bitter tod.

(Nathan Katz)

C’est le texte d’une chanson. Je vous invite à l’écouter. Elle est interprétée par Daniel Muringer au cours d’une conférence que nous avions faite ensemble sur Nathan Katz

 

Voici que commence le beau printemps

Voici que commence le beau printemps
Et tout se remet à fleurir,
Une fleur s’ouvre dans le champ
Et la maladie va déjà par le monde.

Et la maladie est une lourde pénitence,
Et je sais déjà que je dois mourir.
Si je meurs aujourd’hui, demain je ne serai plus là,
Alors on me couchera sur la rose rouge.

Sur la rose rouge dans le trèfle vert,
Je ne reverrai plus mon cher amour.
Arrivent quatre hommes qui me portent au-dehors,
Ils me portent au cimetière.

Trois roses poussent sur ma tombe,
O, ma bien-aimée, viens les cueillir.
La première est blanche, la deuxième est rouge,
La troisième représente la mort amère.

(Traduction Daniel Muringer)

Chanson de la peste

C’est sous le titre chanson de la peste que j’avais ce poème en mémoire. Or, il n’en est pas question dans le texte. Nathan Katz l’a inséré dans sa première pièce de théâtre en alémanique intitulée Annele Balthazar. Parue en 1924, il y évoque une situation moyenâgeuse, un climat de chasse aux sorcières, cette autre peste.  J’ai raconté cela déjà. Certaines indications vont cependant dans le sens de la peste. La chanson  parle à coup sûr d’une pandémie, une maladie, « lourde pénitence »,  qui court le monde.

On trouve

“dans le chant des jeunes filles rieuses de l’acte II, une vieille chanson populaire d’Alsace de l’époque de la peste. C’est que le drame se passe au moyen Âge où la mort fauchait à grands andains, ”

écrit Jean-Louis Spieser en postface de sa traduction de la pièce dans l’édition bilingue parue chez Arfuyen

Il y a eu plusieurs épisodes de peste en Alsace et dans le Sundgau, la haimet de Nathan Katz, la terrible peste noire de 1349 et celles de la guerre de Trente ans. Nathan Katz lui même, soldat en 14-18, a sans doute eu écho sinon vécu la pandémie d’influenza plus connue sous le nom de grippe espagnole, qui a fait 50 à 60, sinon plus, on parle même de 100 millions de morts en 1918. Après tout,  Annele Balthazar n’est pas une pièce historique.

Cette façon de lier la mort à la renaissance de la vie, au thème du printemps est une constante de l’œuvre de Nathan Katz,

 

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Une réponse à Nathan Katz : Jetz fangt das scheene Friehjohr a
Voici que commence le beau printemps

  1. D. Furtif dit :

    Merci pour ce moment d’émotion déchirante.
    J’ai planté un énorme panneau indicateur sur mon blog pour conduire mes lecteurs et mes abonnés jusqu’à vous
    D. Furtif

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