Ermoldus Nigellus, Ermold le Noir, est un poète carolingien, né vers 790 et mort aux alentours de l’année 838. Il est contemporain d’Otfrid de Wissembourg avec lequel je le relie suivant en cela Jean Dentinger dans son anthologie des poètes et penseurs d’Alsace. Les deux sont nés approximativement dans les mêmes années.
Ermold, aussi conseiller à la Cour de Pépin 1er d’Aquitaine, aurait incité ce dernier à se dresser contre la volonté de son père Louis le pieux, fils de Charlemagne, roi d’Aquitaine jusqu’en 814, puis empereur d’Occident de 814 à sa mort en 840. Sur ordre de Louis, Ermold fut exilé à Strasbourg. C’est là, à la fin des années 820, qu’il composa son poème le plus connu, De Gestis Ludovici Caesaris, Faits et Gestes de Louis le Pieux, et qu’il adressa deux épîtres à Pépin qu’on a coutume de regrouper sous le titre plus générique d’Ad Pippinum Regem. Le texte qui nous intéresse ici est extrait des épîtres au Roi Pépin.
CARMEN NIGELLI ERMOLDI EXULIS IN HONOREM GLORIOSISSIMI PIPPINI REGIS
[…]
« Rex : Verba, Thalia, placent ex ordine dictaque cuncta,
Sed mihi de nostro exule certa refer.
Est quibus in terris, urbs quae dic, quique coloni,
Quis sacer aut populi aut pietatis opus,
Ordine quo poteris nobis narrare memento,
Quod valeam dictis noscere cuncta tuis. »
Thalia : Terra antiqua, potens, Franco possessa colono,
Cui nomen Helisaz Francus habere dedit ;
Wasacus est istinc, Rhenus quoque perluit illinc,
Inter utrumque sedet plebs animosa nimis.
Bacchus habet colles, pubescunt montibus uvae,
Vallibus in mediis pinguia culta satis ;
Pinguia culta nimis putrique simillima fimo,
Qui solet agricolis horrea laeta dare.
Arva ferunt Cererem, colles dant copia vini;
Wasace, das silvas, Rhenus opimat humum.
Experiere, libet, jam nunc quid possit uterque,
Quis populo tribuat fertiliora suo.
Rhenus : Nota nimis Francis, Saxonibus atque Suebis,
Munera larga quibus nostra carina vehit,
Mercibus innumeris opifex nec pisce secunda
Fluminibus magnis sum quia Rhenus ego.
Wasacus infelix vento quassatus et imbri
Munere pro vario* ligna dat apta foco;
Wasacus, ecce meum latum percurrit in orbem
Nomen, et officio regibus apta veho.
Wasacus : Robore de nostro fabricata palatia constant,
Ecclesiaeque domus transtraque lecta fero ;
Saltibus in nostris soliti discurrere reges,
Venatu varias exagitare feras. «
POÈME DE L’EXILÉ ERMOLD LE NOIR EN L’HONNEUR DU TRÈS GLORIEUX ROI PÉPIN
[…]
Le Roi : Tes paroles me plaisent, Thalie, et tout ce que tu me dis ; mais donne-moi des nouvelles de notre exilé. En quelles terres se trouve-t-il, en quelle ville ? Quels en sont les habitants ? Quel y est le chef de la religion ? De quels sentiments le peuple est-il animé ? Raconte-le moi du mieux que tu pourras, afin que par ta bouche je sois complètement informé.
Thalie : C’est une terre antique et riche, occupée par les Francs, qui lui ont donné le nom d’Alsace. D’un côté les Vosges, de l’autre le cours du Rhin, au milieu une population ardente. La vigne couvre les coteaux, sur le penchant desquels mûrit le raisin ; et des terres fécondes occupent le fond des vallées, pareilles à l’engrais longuement décomposé, grâce auquel s’emplissent les greniers du cultivateur. Les champs portent des moissons, les coteaux donnent du vin ; les Vosges sont couvertes de forêts, le Rhin fertilise le sol et l’on peut se demander, des ressources de la montagne ou du fleuve, lesquelles enrichissent le plus les habitants.
Le Rhin : Je suis bien connu des Francs, des Saxons et des Souabes, auxquels mes vaisseaux apportent de riches cargaisons ; je suis le Rhin, créateur de richesses innombrables et plus peuplé de poissons qu’aucun grand fleuve. Les malheureuses Vosges, battues par le vent et la pluie, n’offrent pour tout trésor que du bois à brûler. Vosges, mon nom, à moi, a fait le tour de l’univers, et mon cours fournit diligemment aux rois tout ce qu’ils peuvent souhaiter.
Les Vosges : C’est de mon bois que l’on construit les palais, les églises ; c’est moi qui fournis les poutres de choix. C’est dans mes forêts que courent les rois pour y chasser un abondant gibier. Ici fuit vers les fontaines la biche frappée d’une flèche ; là un sanglier écumant gagne les torrents familiers. Le poisson ? J’en abonde, car je suis riche en petits cours d’eau. Les profits que tu attribues à ton mérite et à tes services, crois-moi, Rhin, c’est à moi qu’on les doit. Si tu n’existais pas, Rhin, mes greniers seraient intacts, remplis par nos campagnes fécondes d’un grain que tu transportes, pour le vendre, au-delà des mers, tandis que mes malheureux paysans, hélas ! souffrent de la faim. Si tu n’existais pas, Rhin, mon falerne resterait, mon vin généreux répandrait ici la joie, mon vin que tu transportes, pour le vendre, au-delà des mers, tandis que mes vignerons souffrent de la soif au pied de leurs vignes.
Le Rhin : Si ta population, Alsace, conservait pour son propre usage tout ce que produit la terre féconde, on verrait cette race vaillante étendue dans les champs, noyée dans l’ivresse et c’est à peine si d’une grande ville il resterait un seul homme. C’est un bien de vendre aux Frisons et aux nations maritimes, et d’importer des produits meilleurs. Ainsi notre peuple se pare : nos marchands et ceux de l’étranger transportent pour lui des marchandises brillantes. Car des manteaux le vêtent, teints de couleurs diverses, qui ne t’étaient pas connus, Vosges. Tu possèdes des demeures de bois, moi je possède de la poudre d’or ; et à la place de tes arbres abattus viennent les gemmes transparentes. De même que le Nil recouvre de ses eaux la noire Égypte et fertilise le sol de son humidité, de même les prières instantes du peuple appellent mon retour, qui vivifie les prés et les champs.
Les Vosges : Arrière, Rhin ; arrête tes débordements funestes ! Dans ta sottise, tu prétends que tu arroses hélas ! tu es la ruine des belles moissons. Si je n’avais pas installé mon séjour sur le haut des montagnes, il serait bloqué par tes eaux farouches !
Thalie : Rhin, les propos que je t’ai prêtés, je les prêterais peut-être à la Loire, s’il m’était permis de revoir ma patrie. Vosges, gardez pour vous tout ce que vous possédez et donnez-moi seulement, à travers vos terres, un libre chemin vers mon pays.
Trêve de propos ! Gardez vos dons [cadeaux] ! la ville bruyante me rappelle à elle, une ville aux habitants nombreux, que les Romains nommaient Argentorata, d’un nom qui lui sied bien. Florissante d’une prospérité nouvelle, elle se nomme maintenant Strasbourg, parce qu’elle est la route [Strasse] par où tout le monde passe. C’est là que réside Bernold, le pieux évêque, offrant à Dieu les vœux du peuple qui lui est confié, jadis formé aux études et à la religion par les soins du sage Charles, maître du monde. Issu de la subtile race des Saxons, d’esprit ouvert et cultivé, plein de modestie, brillant de bonté, étincelant de piété, il porte en lui la parure des connaissances libérales. Mais la nation farouche à la tête de laquelle est placé ce noble prélat, comblée de richesses, ignore l’amour de Dieu. Elle parle une langue barbare et ne connaîtrait rien des livres sacrés, si elle ne possédait son industrieux évêque. Celui-ci s’ingénie à lui traduire les Ecritures en langage connu et s’applique assidûment à défricher son cœur ; il est pour elle à la fois un interprète et un guide sacré, acheminant ses ouailles vers le ciel. La mère du Christ l’assiste de son aide bienveillante, en considération de l’église qui lui est dédiée en cet endroit. Telle est la ville où m’a conduit l’ordre de l’empereur, m’enjoignant de demeurer auprès du pieux évêque.
(Ermold le Noir, extrait de POÈME DE L’EXILÉ ERMOLD LE NOIR EN L’HONNEUR DU TRÈS GLORIEUX ROI PÉPIN in Poème sur Louis le Pieux et Epitres au roi Pépin, édités et traduits par E. Faral ( «Les classiques de l’histoire de France au Moyen-âge», t.14), Paris 1932, p. 207-215)
Dans le début de l’épître, le poète exilé envoie une messagère, Thalie, à la cour du Roi d’Aquitaine prendre des nouvelles du pays (« patria ») dont il a la nostalgie. Il imagine que le Roi finira par demander, en échange des informations qu’elle apporte, des nouvelles sur la région dans laquelle ce dernier a banni le poète, l’Alsace. Exil doit être compris ici au sens d’éloignement conséquent de la cour du roi d’Aquitaine tout en restant dans l’empire de Louis le Pieux. Je passe rapidement sur l’origine controversée du mot Alsace, et sur l’étymologie de Strasbourg. Le plus intéressant me semble-t-il se trouve dans la mise en scène d’un dialogue économique et écologique entre un territoire, les Vosges – du moins son versant oriental- lié à l’Alsace et un fleuve, le Rhin, voie d’échange avec d’autres territoires riverains du cours d’eau. Presque les prémisses d’une négociation. Ermold nous présente ces relations comme n’allant pas de soi contrairement à ce que l’on pourrait penser. Il associe la montagne et la plaine dans une « une intimité » à laquelle le Rhin ne participerait pas d’emblée. Comme si « la plaine [était] plus vosgienne que rhénane», selon l’expression de J.-M.Tourneur-Aumont (L’Alsace et l’Alémanie, Paris, 1919) cité par Lucien Febvre (La terre et l’évolution humaine. Albin Michel, Paris, 1949). Une question d’échelle. Le Rhin contrairement à l’argument avancé n’est pas le seul à irriguer la plaine d’Alsace, les Vosges y participent tout autant, étant le bassin versant de l’Ill principale rivière traversant l’Alsace du sud au nord. Elle se jette dans le Rhin à Strasbourg.
Nous sommes à l’époque carolingienne. Avant le Serment de Strasbourg et le partage de l’empire franc entre les petits fils de Charlemagne. Époque où les langues ne faisaient pas les royaumes.
« Les Épîtres en vers adressées à Pépin avancent […] à plusieurs reprises les notions de terroir, terre, région, contrée, souvent regroupées sous l’appellation arua nostra, et unissent très étroitement la célébration épique de la Charente qui traverse la région natale du poète et les terres du vaste royaume d’Aquitaine, pays des eaux sur lequel règne Pépin » (cf Christiane Veyrard-Cosme : Ermold le Noir (ixe s.) et l’Ad Pippinum Regem).
Dans son texte, Ermold évoque un territoire borné d’un côté par les Vosges de l’autre par le Rhin. Un antique humus accumulé depuis la nuit des temps, « l’engrais longuement décomposé » rend la terre féconde. Le Rhin, déjà célèbre dans le monde, se présente non seulement comme créateur de richesses par le transport de cargaisons mais par sa production de poissons et traite avec mépris les Vosges qui ne produiraient que du bois de chauffage. Or, répliquent ces dernières, ses forêts ont d’autres dimensions. Elles produisent le matériau de construction d’exorganismes complexes qui remplacent les lieux de culte en pierre. Ils sont tout aussi utiles aux hommes qui ont besoin d’institutions : les palais et les églises. L’argument est bon mais en même temps, le poète fait dire aux Vosges-Alsace une grosse bêtise sous forme d’une prétention à l’autarcie qui n’est pas à confondre avec l’autosuffisance.
« Si tu n’existais pas, Rhin, mon falerne resterait, mon vin généreux répandrait ici la joie, mon vin que tu transportes, pour le vendre, au-delà des mers, tandis que mes vignerons souffrent de la soif au pied de leurs vignes. »
La réplique du Rhin est ici fort intéressante.
« Si ta population, Alsace, conservait pour son propre usage tout ce que produit la terre féconde, on verrait cette race vaillante étendue dans les champs, noyée dans l’ivresse et c’est à peine si d’une grande ville il resterait un seul homme. »
Trop d’abondance nuit. A ne consommer que ce qu’elle produit, la région tomberait dans l’ivrognerie et déclinerait. Pour prendre soin d’une population capable de produire plus qu’elle n’est en mesure de consommer sans excès, il est utile de procéder à des échanges avec d’autres territoires.
« C’est un bien de vendre aux Frisons et aux nations maritimes, et d’importer des produits meilleurs ».
Entre temps, nous sommes passés de l’autosuffisance au tout à l’export. Et aujourd’hui les esprits s’échauffent autour de la question de savoir s’il faut baisser ou non, et de combien, les rendements des vignobles.
De son côté, le fleuve lui aussi connaît des débordements, des sautes d’humeur qui ruinent l’agriculture. Le débat est à la fois économique et écologique. Et, en effet retour, le développement du commerce a des conséquences sur l’économie régionale en pesant sur le développement de la productivité et en éloignant de l‘idée d’autosuffisance. Ce qui est signalé par la référence aux Frisons qui prirent le relais du commerce romain, Ces derniers
« paraissent avoir été, à l’époque carolingienne, les principaux exploitants de la voie navigable du Rhin, […]. Contre draps de luxe qu’ils tiraient des Pays-Bas et qu’ils transportaient sur de très petits bateaux […] ils se procuraient du vin, et d’autres produits d’origine méridionale qu’ils cédaient ensuite avec avantage aux habitants du Nord. Il semble bien que ce soient eux qui aient ouvert au trafic fluvial le cours difficile du Rhin alsacien, qu’avait délaissé la batellerie gallo-romaine, moins bien armée ou moins audacieuse. On les voit en effet pousser la collecte du vin jusque sur les basses pentes des Vosges, où nul indice connu n’autorise à admettre qu’une viticulture commerciale ait existé dès l’époque romaine ».
(Roger Dion : Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXème siècle. Flammarion. 1991. p.211)
Le dialogue se termine rapidement. Tout ce qui est demandé aux Vosges, à la fin, c’est de rapprocher le Rhin de la Loire et d’être une voie de passage permettant le retour au pays. La messagère de l’auteur évoque encore la ville de Strasbourg qualifiée de bruyante. Elle comptait à l’époque environ 3000 habitants. Et l’évêque Bernold qui avait accueilli l’exilé en son Église. Ce dernier a fort à faire pour christianiser la région et s’efforce pour cela de produire des textes religieux en langue vernaculaire. Ce que réalisa également Otfrid de Wissembourg. La langue qualifiée de barbare n’est pas précisée, c’est la lingua theudisca (langue thudesque) qui sera l’une des deux langues, à côté de la romana lingua, des Serments de Strasbourg entre les fils de Louis le pieux : Charles le chauve et Louis le germanique.
Pour une École normale rhénane par Jean-Paul Sorg
Mes remerciements à Jean-Paul Sorg pour avoir confié au SauteRhin ce texte dans lequel il fait l’audacieuse proposition d’une École normale rhénane, une école saute-Rhin en quelque sorte. Proposition qui intervient à quelques mois de la fusion des deux départements de Bas-Rhin et du Haut-Rhin avec la mise en place de la nouvelle Collectivité européenne d’Alsace, le 1er janvier 2021.
En 1949, le château de la Neuenbourg, à Guebwiller, alors propriété du Département du Haut-Rhin, est transformé en École Normale, puis en IUFM en 1994. Il a également abrité le Centre pour les enseignants bilingues de 2000 à 2011. Le bâtiment a ensuite été mis à disposition de la Communauté de Communes de la Région de Guebwiller afin d’y installer, en 2019, le Pôle Culturel et Touristique de la Neuenbourg.
Pour une École normale rhénane
Q
uand on examine ce qui a l’air d’une idée utopique, sans réalité, sans lieu de réalisation en vue, et qu’on décrit les circonstances dans lesquelles elle est apparue, on peut se rendre compte parfois qu’elle n’est pas une création gratuite, relevant de la liberté de l’imagination pure, mais qu’elle ramasse en elle, synthétise, des choses, des pensées, des actions, qui ont déjà existé ou existent déjà et encore, en circulation dans le corps social et politique. C’est le cas, on le verra par les rétrospectives, de l’idée d’une École Normale Rhénane (donc transfrontalière, « SauteRhin » !). Une dynamique – culturelle, pédagogique – a déjà poussé et pousse encore dans ce sens de multiple façon. L’utopie est une virtualité dormante, engourdie, ou qui tout de même, on le sent, remue dans quelques consciences – dans une sorte de nébuleuse conscience collective – et demande à naître, à venir au jour. Il n’est absolument pas certain, cependant, que sa naissance serait accueillie « les bras ouverts » et applaudie.S’agissant de cette institution pédagogique qui a reçu en français le nom singulier, qui interroge, d’ « École Normale », on remarquera qu’a été perdu, barré, effacé, non seulement la chose même, mais son nom justement, au profit d’imprononçables et éphémères acronymes. Ou plutôt, si l’on veut : avec le nom a disparu la chose, et avec la chose, le nom.
C’est étrange. Le plus significatif dans cette histoire, le coup du diable, l’irrémédiable, c’est l’effacement, l’oubli des origines, le recouvrement du passé et du sens. Symptôme d’une confusion des esprits, d’un vacillement de la civilisation. Une « bifurcation » est-elle à venir ?
Rétrospective et prospective
École normale rhénane. C’est-à-dire une école destinée à former des enseignants bilingues et de culture européenne, dont l’imminente Collectivité Européenne d’Alsace (CEA) aura besoin, si elle veut exister à la hauteur de son nom et répondre sérieusement aux désirs conjoints d’Alsace et d’Europe.
B
ien que l’appellation « École normale » soit claire et banalisée, certains tiquent et s’interrogent sur le sens donné à « normale ». Dans ces Écoles serait menée une entreprise de « normalisation » ? De quoi ? De l’enseignement et par là de l’esprit des citoyens ? En-dehors, on ne serait pas dans les normes, pas dans la ligne, pas dans le cadre de la République ? On resterait dans le « privé », dans un cadre clérical ? En fait, les premières Écoles « normales » ont été conçues et construites au temps de l’empire napoléonien. Mais néanmoins, de par la personnalité de leur fondateur, dans un esprit républicain, dans le souci d’une administration moderne, avec la conscience que la nécessaire éducation du peuple est dorénavant une tâche qui relève de l’État, et non plus principalement de l’Église ni d’initiatives personnelles ? Il faut en rappeler les circonstances.Histoire
La première École normale de France a été créée en 1810 à Strasbourg. C’est l’œuvre du préfet Adrien de Lezay-Marnésia, qui n’a pas perdu de temps. Il venait d’être nommé dans le Bas-Rhin en début d’année, le 25 février. Sans doute choisi en hâte par Napoléon pour une mission ponctuelle importante : accueillir le 22 mars la princesse Marie-Louise d’Autriche sur son chemin de Vienne à Paris où elle était destinée à épouser l’empereur. Elle avait quitté la capitale autrichienne le 13 mars « à la tête d’un cortège composé de quatre-vingt-trois carrosses ». A la frontière, au pont de Kehl décoré d’une allée de sapins, le préfet d’empire lui exprime « le bonheur qu’éprouve son département à être le premier qui témoigne son allégresse à sa nouvelle souveraine ». Il devait se rappeler, mais se garda sûrement d’en parler, l’arrivée, quarante ans plus tôt, le 7 mai 1770, de l’archiduchesse d’Autriche, Maria Antonia, destinée à épouser Louis XVI… Une toute autre époque ? Peut-être pas tellement. Ce sont deux moments de l’histoire de l’Europe, entre France et Autriche !
« L’immense flot de magnificence du cortège nuptial, une gigantesque cavalcade de trois-cents-quarante chevaux » (Stefan Zweig), entra par la porte d’Austerlitz et se déversa dans les rues de Strasbourg. L’étudiant Wolfgang Goethe, arrivé il y a un mois à peine, se trouvait dans la foule. Le rite de « la remise de l’épouse » eut lieu alors sur l’île aux Épis au milieu du Rhin.
Statue de Adrien de Lezay-Marnésia à Strasbourg
Adrien de Lezay-Marnésia est né en 1769, un an avant l’arrivée à Strasbourg de Goethe – et de Marie-Antoinette ! D’une famille noble franc-comtoise, installée à Moutonne, dans le Jura, il était le fils d’un député aux États généraux qui rejoignit les rangs du Tiers Etat. Il étudia la diplomatie au Collegium Carolinum de Braunschweig, de 1785 à 1787, et plus tard, dans la situation d’un aristocrate émigré, les lettres à l’université de Göttingen, de 1791 à 1792. Il rencontra Goethe et Schiller, traduisit de celui-ci le drame Don Carlos, une tragédie politique en cinq actes qui montre à la fois la logique interne du pouvoir et la faiblesse des belles idées de liberté, quand le temps n’est pas encore venu… L’inquisition triomphe. Le soulèvement des Pays-Bas contre la domination espagnole sera écrasé. Dans une préface, le traducteur commente la pièce longuement, en philosophe, et souligne que contrairement aux idées reçues « des deux langues, c’est l’allemande qui est la plus souple et la française qui est roide… »
Napoléon l’avait distingué justement pour sa connaissance de la culture et de la langue allemande. Il lui confia en 1805 une première mission à Salzbourg et se montra d’abord quelque peu agacé en lisant ses rapports. Trop de bavardage philosophique (à la Schiller). « Bientôt, il ne m’écrirait plus qu’en allemand… » Il est déplacé en 1806 à Coblence, comme préfet du département Rhin et Moselle. Là il révèle pendant quatre ans ses talents d’administrateur, à la fois inventif, bouillonnant d’idées nouvelles, et pragmatique, tenace, sachant convaincre et entraîner. A Salzbourg déjà il avait lancé une « École normale ». Il en crée une plus développée à Coblence. Le problème est d’organiser et d’assurer un enseignement du français, qui est la langue de l’empire. Il faut le faire en tenant compte de la situation linguistique du pays dont les habitants ont pour langue maternelle et langue d’usage l’allemand.
Il en va exactement de même dans le Bas-Rhin ! Bien que la province soit française depuis un siècle et demi, sa population continuait à s’exprimer « comme le bec lui poussait » ; la plupart des notables, comme les maires, ne maîtrisaient pas le français. Anecdote vraie ou inventée comme blague : à un recensement administratif qui demandait : Combien de crétins dans votre village ?, un maire répondit : Nous le sommes tous ! Par « crétins » il avait compris de bonne foi « chrétiens ».
Cette situation d’ignorance enrageait certains représentants de l’autorité. Le préfet de la Moselle, Vienot de Vaublanc, en visite à Saint-Avold, déchira devant les élèves et leur maître les livres allemands de la bibliothèque et menaça l’instituteur de représailles s’il s’obstinait à se servir de tels livres. Lezay-Marnésia avait déjà compris qu’il fallait former les instituteurs, en partant de leur pratique de l’allemand, et développer un enseignement bilingue, selon un idéal qu’il était heureux d’incarner lui-même. Dans un arrêté préfectoral du 24 octobre 1810, rédigé en français et en allemand, il précisa que l’objectif de l’École normale qu’il ouvrait était bien de « répandre la connaissance de la langue française dans toutes les classes de la société », mais que la langue allemande y serait respectée et sa connaissance renforcée par un enseignement littéraire.
Durant sa courte carrière, ce préfet mit en œuvre encore bien d’autres idées « concrètes » : il fit ouvrir aussi une école de sages-femmes comme à Coblence, il se préoccupa de l’hygiène, organisa des campagnes de vaccination contre le typhus et la variole, interdit aux paysans d’entasser le fumier dans la rue, devant leur maison ; il encouragea la culture de la betterave à sucre, du tabac et du houblon, distribua des prix lors de fêtes agricoles, fit aménager les chemins vicinaux et étendit le réseau routier, avec des « bancs-reposoirs », appelés « bancs du roi de Rome », tous les six kilomètres. En somme, dans les domaines les plus divers, il conduisit un véritable et durable travail de civilisation, s’inspirant, dit-on, de l’exemple du pasteur Oberlin sur son territoire du Ban-de-la-Roche. Il devint comme un « père » pour le département.
Sans faire d’histoire, sachant qu’une nation tient debout par son administration, il était passé en avril 1814 du service de l’empereur au service du roi. En octobre, il lui fallut accueillir et accompagner le duc de Berry, neveu de Louis XVIII, un personnage désinvolte qu’il n’estimait sans doute pas, mais le protocole oblige et il faut faire aimer l’Alsace. Sur la route, vers Haguenau, se produisit alors un accident fatal. Roulant à vive allure, la voiture préfectorale versa dans un fossé et le préfet s’embrocha dans son épée d’apparat. Une mort sans rapport avec l’homme. Une grimace du diable. Ehrenfried Stöber : « Pleure Alsace, il est tombé notre Lezay, lui qui, plus que tous, fut notre père ».
Avenir
Retenons que ce n’est pas un hasard, mais un privilège particulier, si Strasbourg fut le premier siège d’une École normale en France, dans la foulée pour ainsi dire des départements allemands du Rhin, dont le Bas-Rhin ! Ce qu’un préfet-gouverneur avait alors imaginé et réalisé, en répondant à un besoin linguistique pratique, un(e) président(e) de région, je veux dire d’une région comme la Collectivité européenne d’Alsace (et de Moselle ?), pourra-t-il, voudra-t-il, le faire demain, cette fois-ci en réponse à un « désir d’alsacien » et un besoin d’allemand ?
Là où il s’agissait, il y a deux siècles, de réguler (« normaliser ») un enseignement du français en pays de langue allemande, il faudra demain, sans tarder, réguler, instituer, un enseignement de l’allemand dit standard et de l’allemand alsacien, dans la perspective toute européenne d’un bilinguisme et humanisme rhénan.
Une utopie ? Ceux qui (à Paris) nous gouvernent verticalement ne voudront rien entendre et ne permettront rien de particulier qui sorte des clous d’un jacobinisme identifié au génie français d’une République une qui ne partagera (ne « divisera ») jamais le pouvoir ? Des manifestations éparses montrent pourtant que quelque chose comme une École normale spécifique (qu’importe le nom) serait une institution raisonnable et utile. On apprend par la presse que l’université de Strasbourg va ouvrir à la rentrée une formation au dialecte alsacien, qui sera sanctionnée au bout de deux ans par un diplôme universitaire (DU). Et un campus européen va lancer simultanément à Strasbourg et à Fribourg/Brisgau un cursus de master binational dans le domaine de l’éthique. Bravo !
Ces initiatives heureuses seraient plus visibles et plus conséquentes si elles traduisaient une volonté régionale claire, politiquement fondée, et s’inscrivaient dans une institution publique pérenne. La place d’une « formation au dialecte alsacien » et à la dialectologie est dans une École normale que nous appelons « rhénane » parce que ça fait bien et, plus sérieusement, parce que, pour produire des résultats, elle devra s’ouvrir, s’affirmer transfrontalière, accueillir des étudiants des deux rives du Rhin et mobiliser les compétences de professeurs venant de l’Allemagne proche et de la Suisse proche. Tout cela est déjà en germe ici et là, si on regarde bien, et ne demande qu’à être cultivé.
L’idée d’une Ecole Normale rhénane, à bâtir dans le cadre de la Collectivité Européenne d’Alsace, n’est pas une chimère. Mais une solution pratique à de nombreux problèmes de formation et de motivation pédagogique qui durant des décennies n’ont pu être traités que de manière très partielle, bancale, hésitante, qu’au prix de compromis compliqués, sanctionnés par le découragement et souvent soldés par l’échec.
Façade arrière du Château de la Neuenbourg, siège de l’Ecole normale de 1950 à 1990 puis de l’IUFM et ensuite du Centre de formation aux enseignements bilingues jusqu’en 2010 .
Les années 1980, sous le rectorat de Pierre Deyon (1981-1991), avaient vu l’émergence d’un enseignement de Langue et Culture Régionales (LCR) et la reconnaissance presque révolutionnaire, impensable après la guerre, de l’allemand comme « langue régionale de France », avec ses composantes ou variations dialectales. L’enseignement était optionnel, bien sûr, et confiné à la marge, difficilement calé dans les emplois du temps, mais quand même… Il existait, inscrit dans l’institution et couronné par une épreuve au Bac. Que d’espoirs il soulevait !
A l’évidence, il fallait alors former et encadrer les enseignants volontaires, idéalistes, plus ou moins militants ; l’administration rectorale s’y employa, y mit les moyens, contournant les obstacles et vainquant les réticences. Des journées de formation furent organisées à l’université de Strasbourg. Les chefs d’établissement arrangeaient les emplois du temps du professeur volontaire, de façon à lui libérer un mercredi sur deux.
Les pionniers de Langue et Culture Régionales (LCR)
Il y eut des candidats de tous les « coins » d’Alsace, du fond du Haut-Rhin comme du Bas-Rhin. Pour certains, c’était plus d’une heure de route ou de train jusqu’à Strasbourg, plus le trajet de la gare à l’université. Les cours commençaient à 9 heures. Première rentrée 1985-1986. Histoire avec Georges Bischoff, qui ne prétendait pas encore vouloir « en finir avec l’histoire d’Alsace » ! Sociologie avec Freddy Raphaël, qui délaissant les généralités se polarisait cette année-là sur les ex-voto, par exemple ceux qu’on trouve à Notre-Dame de Thierenbach, qu’il nous invitait à analyser comme un phénomène de culture et de religion populaire. La dialectologie était naturellement l’affaire de Raymond Matzen, toujours plein d’entrain avec des sacs d’anecdotes. Et la littérature, à l’institut des études germaniques, revenait à Adrien Finck, qui travaillait alors à composer un manuel, Littérature Alsacienne XXe siècle, qui allait paraître en 1990 et devait rendre les mêmes services que les Lagarde et Michard.
C’était aussi l’âge d’or du CRDP, Centre Régional de Documentation Pédagogique, installé dans un bâtiment universitaire et facile d’accès. Il éditait tous les trois mois de nouveaux Cahiers littéraires (sur des auteurs passés et même contemporains, de Sébastien Brant à Claude Vigée), avec une biographie, des analyses et un choix de textes. De même était produite par des spécialistes une abondante documentation historique et géographique. Les auteurs travaillaient en toute liberté. On y croyait. On avait la foi. Un réel « désir d’Alsace » animait les intellectuels, les artistes et nombre d’enseignants dans toutes disciplines. Une conscience écologique perçait de pair avec la conscience régionale. Des leçons de géographie et d’initiation à la nature (botanique et paysages) furent intégrées spontanément aux programmes. En tout se manifestait une créativité pédagogique rare, encouragée et soutenue d’en haut dans un esprit d’ouverture.
Pierre Deyon lui-même, recteur de l’Académie de Strasbourg, avait préfacé l’ouvrage dirigé par Adrien Finck. « Nous attendions ce manuel de littérature alsacienne du XXe siècle, au moment où nous percevons mieux que jamais la vocation particulière de cette région appelée au cœur de l’Europe à jouer un rôle significatif dans le rapprochement des cultures et l’éveil d’une conscience communautaire. L’histoire de l’Alsace, sa situation géographique, lui permettent aujourd’hui d’organiser facilement un courant permanent d’échanges transfrontaliers dans le domaine de la littérature et des arts… »
Trente ans après, où en sommes-nous ? Qu’entendons-nous ? Les prémices de ce que pourrait reprendre et développer maintenant une Collectivité européenne d’Alsace ? On dirait qu’elle était déjà là, comme en pointillé ? On voudrait avoir confiance. Mais on n’ose, échaudé par l’expérience du lointain et proche passé… Cette collectivité encore indéterminée jouira-t-elle des libertés nécessaires pour engager et mener une politique linguistique et culturelle cohérente, réellement novatrice, sans les entraves qu’y a toujours mises le système de l’Éducation nationale ?
EN-CFEB-IUFM-ESPE
Jusqu’ici, la rhétorique d’un idéal rhénan européen couvrait rituellement de ses fleurs des politiques biaisées, contraintes, et, pire, une absence de politique, une impuissance politique, et un état pédagogique qui ne cessait de se dégrader. A relire les belles circulaires du temps du recteur Deyon, l’on s’aperçoit qu’elles présupposaient – encore – chez les enfants une pratique ou du moins une compréhension première du dialecte comme « parler de la maison ». Or, pendant que l’on bricolait selon les bonnes volontés et les dévouements disponibles un enseignement ouvert de la culture régionale, l’usage privé et public du parler dialectal était en chute libre accélérée, jusqu’à frôler comme aujourd’hui un niveau proche de zéro. Généreuse, évitant toute discrimination, la culture régionale n’exigeait aucune connaissance de la langue régionale et de sa littérature.
Les réformes se succèdent. L’enseignement de LCR recule, se relâche ou stagne. Les options donnant des points au Bac se multiplient et se concurrencent. La production du CRDP fléchit, elle a excédé la demande, c’est-à-dire les capacités de consommation ou d’utilisation des enseignants comme des élèves, de moins en moins informés et motivés. Les deux « Finck », Littérature alsacienne XXe siècle et Histoire de la littérature européenne d’Alsace, se sont mal vendus. Au grand dam de leurs éditeurs, il reste vingt ans après d’importants stocks dont personne ne se soucie.
Un saut politique qualitatif parut être l’ouverture d’un Centre de Formation aux enseignements bilingues (CFEB), inauguré en 2001 à Guebwiller, dans l’ancien « château » de la Neuenburg des princes-abbés de Murbach. Un lieu historique adapté. C’était bien une sorte d’École Normale « spéciale », dans les locaux mêmes et les meubles de l’ancienne Ecole Normale – « normale » !- de jeunes filles (catholiques), qui fut inaugurée là en 1949 et où exerça un temps, il faut que je le dise, le germaniste Emile Storck, un des plus grands poètes de la littérature dialectale alsacienne.
Le Centre accueillait une centaine d’étudiants et de stagiaires et une dizaine de personnels administratifs, c’était bon pour l’emploi et le commerce en ville et le cadre était agréable, mais cédant à une logique économique de concentration et pour des raisons ferroviaires, parce que depuis 1969 le train n’allait plus jusqu’à Guebwiller, le Conseil régional et les Conseils généraux décidèrent le transfert de l’École à Colmar. Puis, le CFEB se perdit dans les sables de l’IUFM (Institut Universitaire de Formation des Maîtres), avant de couler dans les eaux de la mastérisation et d’une École Supérieure du Professorat et de l’Éducation (ESPE)…
Bref, de sigle en sigle, au gré des ministres de l’Éducation nationale qui changent avec les gouvernements et donc chacun veut corriger les mauvaises réformes de son prédécesseur, on brouille les repères, on se lasse, on s’égare, les intéressés eux-mêmes ont du mal à trouver leur chemin dans la luxuriante broussaille bureaucratique et acronymique. Le public (le peuple) n’y comprend plus rien.
Un test politique
Détail d’un plan de 1910 situant au 3 Heuplatz (place du Foin) l’emplacement du Lehrerinnenseminar (École normale d’institutrices – protestante – de Strasbourg. Source
Il n’y a plus d’avant… Il n’y a plus d’École normale. Le nom devenu familier et le concept se sont effacés. En allemand, on dit depuis longtemps « Lehrerseminar » – ou Pädagogische Hochschule – et tout le monde comprend. « École Normale rhénane » se dirait Oberrheinisches Lehrerseminar. Après les périodes de repli par manque de volonté générale claire et après le coup qui pouvait être fatal de l’absorption de la région Alsace dans un bloc de l’Est, la perspective d’une nouvelle collectivité alsacienne à vocation européenne réveille l’espoir et stimule l’imagination.
La société civile, souple, sensible, inventive, est toujours en avance sur la politique, pétrifiée dans ses structures et entravée par des calculs électoraux. Sans attendre, dans le souffle de l’esprit d’ouverture et pour répondre à des besoins économiques et sociaux manifestes, de nombreuses initiatives de partenariats franco-allemands ont déjà été prises en marge, des échanges sont pratiqués entre les écoles et au niveau universitaire. Il y a les filières Abi-bac et il y a Eucor, le campus européen, Confédération européenne des universités du Rhin supérieur. Par exemple, des étudiants font une première année de licence d’allemand à l’Université de Haute Alsace (UHA) de Mulhouse, suivie à Fribourg d’un premier semestre théorique de sciences de l’éducation et puis d’un second de stages dans les écoles des environs. Retour en 3e année à l’UHA, pour les sciences de l’éducation enseignées en français. Ensuite, la préparation du master, un an à Fribourg, un an à Colmar. En fin de course, habilitation à enseigner aussi bien en Allemagne qu’en Alsace France.
Si de tels dispositifs existent – déjà – et donnent satisfaction, que demander de plus à une École Normale « rhénane » ? La clarté et l’affichage pour l’Alsace d’une politique culturelle déterminée. Construire et ouvrir une telle Ecole, c’est la seule solution durable au problème du recrutement d’enseignants LCR bilingues. « Construire » ne veut pas dire forcément bâtir des murs. Pour commencer, on mettra sur pied une banque de données et un télé-enseignement. Cela ne va pas coûter à la Collectivité les yeux de la tête ! Mais la fondation d’une telle Ecole Normale ou de quelque chose de semblable sera comme un test pour la CEA qui devra prouver la réalité de ses pouvoirs particuliers.
Jean-Paul Sorg
Bibliographie
Claude Muller, L’Alsace napoléonienne 1800-1815, I.D.L’Edition, 2012. Victor Hell, Pour une culture sans frontières, L’Alsace, une autre histoire franco-allemande, bf éditions 1986.
Texte paru d’abord dans L’Ami-Hebdo, Strasbourg, 20 et 27 septembre 2020.